" Mais rien ne pouvait être plus beau, jamais, que le moment présent et les choses présentes, pourvu qu'on se laisse porter par le vent du ciel où que ce soit. Bernard serait volontiers demeuré des heures sur ce talus. "
[Bernard le paresseux, 1952 - rééd. Gallimard, coll. "L'imaginaire", page 228] *
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Le GRAND PAYS d'André Dhôtel : ce Vallon Ignoré aux cent oeuvres-merveilles
[1928] 1928, éditions Le rouge et le noir, 160 pages ; rééd. aux Éditions Deyrolle & Théodore Balmoral (diffusion Verdier), Préface de Thierry Bouchard, 1997, 88 pages. rééd. au Cercle du Bibliophile Ardennais (Charleville-Mézières), préface de Franz Bartelt, illustrations de Jean-Louis Henriot, hors-texte en noir et blanc (dessins à la plume), 160 pages [RECIT POETIQUE] * [EXTRAITS] « Je me souviens que dans mon enfance il y avait près de chez mes parents un café, un immense café dont la salle eût pu contenir cinq cents personnes. * [TEXTES CRITIQUES] |
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[1930] 1930, éditions Gallimard (Paris), coll. "Jeunes", 224 pages réédition : éd. Gallimard (Paris), coll. "Blanche", 224 pages [1er ROMAN] * [EXTRAITS] : " L'automne vint. Les feuilles descendirent vers la terre. Elles se posèrent sur les chevelures des femmes qui bavardaient sous les marronniers. Celles des faîtes s'en allaient loin dans les prés, jusque sur les fronts des bœufs. Vers l'est, d'où montent les étoiles, les collines sont agenouillées. " * " Le champ s'arrêtait de frémir, quand un orage venait, accueillant les bruits humains, la cloche et l'enclume, les pas sur la route. * [TEXTES CRITIQUES] : " Lisez ce livre qui parle intensément de l'attention tendre aux êtres et aux petites choses, de la paix que l'on sait advenir au beau milieu des peines, de ce qui est accepté sans se laisser mordre par le doute. La Vie elle-même est Campements, départ brusqué et en cachette des lieux que l'on croyait acquis, ombres qui déplacent les limites entre le rêve et la réalité, lumière si belle de la nuit que les poitrines s'en rehaussent. Et c'est un conte en vérité que nous lisons là. Point de péripéties extraordinaires. Non, le récit d'une vie simple rythmée par la lumière changeante des saisons, par les semailles et les labours, les tâches qui raidissent les doigts et crèvent le coeur de peine. Chacun des personnages de ce roman est habité par un espoir enfantin que son rêve va se réaliser. Et comment en serait-il autrement dans un monde où la seule description d'asphodèles crûes au pays lointain est comme un miracle offert dont il faut se saisir ? La véritable aventure est intérieure. " [wellibus2, site communautaire de lecteurs Babelio, 2015] * " Courte critique pour ce premier roman d'André Dhôtel (écrit entre Athènes et Béthune, 1928). [Aunryz, site communautaire de lecteurs Babelio, 26 mai 2015] [1933] |
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1933, éditions de la société des écrivains ardennais (Mézières), collection "Les cahiers ardennais", n°7, 148 pages [ESSAI] * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1943] |
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1943, éditions Gallimard (Paris), collection Blanche, 296 pages ; réédition : Gallimard, collection "folio", 1974, 320 pages (6,40 €) [2ème ROMAN] Odile avait dix-neuf ans et Julien vingt-cinq. Ils comptaient seulement quelques mois de mariage et, comme d'incessantes querelles les divisaient, ils avaient convenu qu'au retour de ce voyage ils feraient les démarches nécessaires pour le divorce. Le mois de juin s'était annoncé par de belles journées coupées de quelques pluies. Ils partirent d'Aulnay à la fin du mois, un samedi, vers trois heures, et couchèrent dans une auberge de Meaux... |
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* [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : Le village pathétique est l’histoire de la difficile et houleuse acclimatation de deux jeunes gens dans une bourgade ardennaise. Odile et Julien Bouleurs sont de jeunes mariés qui, après quelques mois de vie commune, décident de divorcer sitôt finies leurs vacances d’été. Sur le chemin du retour, les jeunes parisiens s’arrêtent à Vaucelles, un village établi à proximité d'une zone marécageuse dans lequel ils décident de s'installer quelques temps. Après un accueil favorable, les relations entre Odile et Julien — qui vivent désormais séparément — et les habitants de la petite commune vont tourner à l'aigre. Il ne s’agit pourtant pas d’une confrontation entre citadins et villageois pas plus d’ailleurs que d’une querelle entre anciens et modernes même s’il y a un peu de cela dans l’aspiration de la jeunesse du village à s’émanciper et faire entrer Vaucelles dans une nouvelle ère. Le clivage se situe ailleurs, dans les caractères des nouveaux venus et plus particulièrement dans celui de la jeune citadine. C’est d’ailleurs à ses pas que le récit s’attache tout d’abord. Odile est une jeune femme de caractère. Décidée, volontaire, elle sait ce qu'elle veut. Qu'importe ce que l'on pense d'elle, qu'importent les conventions, elle va son chemin et on ne peut s’empêcher d’admirer son esprit d'entreprise et son courage. Aussi sommes-nous portés à prendre sa défense lorsqu'elle se trouve confrontée à la vindicte des villageois qui, de médisance en ragots, aboutira à une forme de lynchage. Julien, lui, arrondit les angles. Il accepte les invitations et les conseils même si cela lui pèse ou contrarie ses projets. Il se laisse vivre, ne s'occupant que de réparer quelques vélos, mais sait se faire accepter, allant vers les autres et essayant de les comprendre. C'est en observant sa façon de faire que l'on saisit ce qui, chez Odile, suscite opposition et réprobation. Odile est trop entière, trop intransigeante, trop sûre d’elle-même. Elle n’écoute pas les autres et n’admet aucune contrainte. Bien entendu, elle a le droit le plus strict de se comporter comme elle l'entend. Mais, sauf à vivre en ermite, il faut savoir tenir compte de l’opinion et des sentiments de ceux qui nous entourent. Les relations humaines ne sont pas une mécanique qui répond à la seule raison et c’est sans doute l’erreur fondamentale d’Odile que de vouloir forcer les choses et les gens à s’adapter à elle et reconnaitre la valeur de ses projets. Il y a un temps pour tout et pour chacun. Il faut l’admettre, comme il faut admettre que la nature continue d’aller son rythme ainsi que le montrera cette fin d’été avec ses bourrasques, ses incendies et ce marais où faune et flore continuent de prospérer, indifférents aux querelles des hommes. [rédacteur : Lekarr76, blog SF EMOI. Lien : http://sfemoi.canalblog.com/archives/2021/04/11/38913917.html, texte publié le 11 avril 2021] [1943] 1943, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 242 pages ; réédition : éd. Horay (Paris), 2005, 312 pages (prix de vente public : 15 €) [3ème ROMAN] Entre Le Pays où l'on n'arrive jamais (Prix Femina 1955), et l'oeuvre entière d'André Dhôtel, Nulle part est comme le maillon indispensable. Les enfants du rêve sont devenus des adolescents qui s'aiment malgré les complications d'une vie apparemment hostile, mais secrètement complice. Ce pur drame d'amour où se rencontrent, se perdent et se retrouvent la blonde et un peu maigre Jeanne, Armande si sûre de l'avenir et Jacques, garçon sans histoire soudain bouleversé par une étrange passion, par l'éclat d'un simple regard dans un miroir, se lit avec une curieuse émotion, rarement atteinte. C'est dans cette émotion qu'est le secret de Dhôtel. Nulle part n'est pas comme Le Pays où l'on n'arrive jamais, une histoire de rêve, ou un conte fantastique. Les héros ont à leur manière les pieds sur terre, leur aventure est une histoire de tous les jours. Ils captivent le lecteur qui retrouve en eux le souvenir bouleversant de sa première belle histoire d'amour. Nulle part est – avec Le Pays où l'on n'arrive jamais – le plus beau roman d'André Dhôtel. * [EXTRAITS] : " Des silences passaient dans ces bois, comme s'ils creusaient des avenues supplémentaires. [...] [Nulle Part, 1943, rééd. Horay, 2005 - chapitre VI, page 91] * [TEXTES CRITIQUES] : " Nulle part est une curieuse expérience lectorale aux sources de l'art discret, secret et inimitable d'André Dhôtel : roman "réaliste" si l'on veut... On y retrouve l'ambiance clair-obscur du grand Georges Simenon, de La maison du canal (l'hiver en Flandres) en passant par Pedigree(une enfance à Liège), ou Il pleut Bergère (la pluie hivernale sur un petit bourg normand), ou encore Le Bourgmestre de Furnes (existentialisme d'un être humain supposé "ordinaire" glissant comme une ombre sous un Beffroi du pays flamand...). En bref ? Jacques Brostier est un type de 20 ans "qui se cherche" en se tenant - bien raide et convenable - derrière le comptoir de l'hôtel-bar de sa tante Irène (une vieille fille) à Béthune... Il ne s'y ennuie même pas, c'est ça le pire ! Il se plaît à vivre de routines... Armande Coeuret voudrait bien lui mettre le grappin dessus... Mais voilà que Jacques rencontre le regard d'une fille blonde et maigre dans le vieux miroir d'une brocante de la place du marché : elle s'appelle Jeanne ; ils se donnent rendez-vous auprès du canal le soir, ils s'embrassent, ils ne savent à peu près rien l'un de l'autre sauf ce goût du baiser dans la nuit. Armande invite Jacques à la propriété de son père (nouveau riche) dans le Charollais, espérant hâter les fiançailles... On sait que "l'anecdote" (ce que le livre "raconte") n'est pas forcément le plus important dans la prose dhôtélienne puisque le style y flamboie au hasard des pages, retour de flammes toujours inattendu, jamais identique, tel ces braises aux ondes chatoyantes... L'anecdote voudra que Jacques fricotte avec la petite pègre du pays béthunois (c'est juste en-dessous de Lille), ces ados débrouillards des bas-fonds (surnommés "Les Sauvages" et auxquels appartient corps et âme la douce Jeanne) qui n'hésiteront pas à s'enrôler dans la petite contrebande franco-belge du rival Hermin, monde impitoyable mais fraternel (les rites initiatiques des pré-ados Nicolas et Edmée annonçant d'ailleurs ceux de Gaspard et Hélène, les jeunes héros de Le pays où l'on n'arrive jamais), milieu prolétarien dont les valeurs sont évidemment à l'exact opposé de celles de la petite bourgeoisie simenonienne, rangée, "sécure" mais hyperconformiste symbolisée par ces attachants "Coeuret" – clan familial au sein duquel Jacques paraît avoir son avenir tout assuré, à condition bien entendu d'en passer par le fameux -- et assez ordinaire - pacte matrimonial... Comme L'Iliade était la conséquence de la colère d'Achille, Nulle Part est le fruit (passionnant) des hésitations de Jacques Brostier, "l'ordinaire" fait homme... [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 2017] [1945] |
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Les rues dans l'aurore, ou les aventures de Georges Leban [4ème ROMAN] * [UNE CONVERSATION AVEC L'AUTEUR] : [Patrick Reumaux :] ‒ Et pourquoi est-ce que vous avez fait le portrait d'un menteur dans Les Rues dans l'aurore ? [André Dhôtel :] ‒ Mais je n'ai pas fait le portrait d'un menteur ! J'ai fait parler un enfant, et puis il se trouve qu'il a envie de mentir, je l'ai laissé mentir. [Patrick Reumaux :] ‒ Oui, il semble même que vous l'ayez laissé mentir jusqu'au bout. [Germaine Beaumont :] ‒ Je crains qu'il l'ait légèrement encouragé. [André Dhôtel :] ‒ C'est passionnant de mentir. J'avais une de mes élèves qui me disait toujours : « Oh ! ce que j'aime mentir ! ». [Germaine Beaumont :] ‒ Je ne sais pas s'il faut tellement encourager le mensonge et je ne le ferai vraiment pas pour vos personnages, André, parce que ce sont des gens, je l'ai remarqué, dont aucun n'aime beaucoup se fatiguer. (extrait d'un entretien radiophonique de 1975, publiée sur le site de La Route Inconnue, Association des Amis d'André Dhôtel). |
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* [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1947] 1947, éditions Par le don de Flor (édition privée), 172 pages ; 1948, Les éditions de Minuit (Paris), 256 pages ; réédité aux éditions Marabout (Verviers), 1979, 160 pages ; "projet de réédition" aux éd. Horay (Paris) ... [5ème ROMAN] David est un gosse de l'Assistance qu'a recueilli la mère Filasse du village de Bermont : "Je me rappelle son front carré, ses cheveux courts. Il avait une certaine raideur dans tous ses gestes, et cela donnait à tous ses gestes cette grâce imparfaite qui se dégage des sculptures archaïques. Dans les jeux, ses muscles se détendaient avec une extraordinaire rapidité.". David d'André DHÔTEL - surnommé depuis "Le roman de l'indifférence" (Maurice Nadeau, David ou le roman de l'indifférence", article paru dans "Combat", 27 janvier 1949) - fut écrit dans les années trente. Une oeuvre à laquelle manifestement son auteur (1900-1991) tenait beaucoup. Ce dense roman (ou "récit" ?) sera refusé avant-guerre par Gallimard ; il finira par être publié - quatrième roman de l'auteur depuis la Libération - aux éditions de Minuit en 1948. Il sera couronné par le Prix Sainte-Beuve. * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] :
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[1947] 1947, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 168 pages ; réédité aux éditions Phébus (Paris), collection "libretto", 2003, 160 pages [6ème ROMAN] Au hameau de Champreux on regarde d'un drôle d'air tous ceux qui par leur allure ou leurs propos refusent de se fondre dans l'aimable grisaille ambiante. Surtout qu'en ces temps bizarres – on est sous l'Occupation – chacun s'ingénie à mener ses petits trafics avec une discrétion redoublée. Dans ce décor d'une désespérante banalité, Fabien et Frédéric, élévés comme deux frères, vont s'affronter, parvenus à cet âge qu'on dit adulte, pour l'amour d'une fille sauvage qui fait tourner toutes les têtes – et dont il se murmure qu'elle pourrait bien être la soeur de l'un d'eux... Le plus bref des grands romans de Dhôtel – non le moins fascinant. * [EXTRAITS] : " Les seuls moments dignes d'être vécus lui semblaient ceux qu'il passait au bord de la rivière (les journées du dimanche et une heure de temps en temps quelque soir de la semaine). Dès qu'il se trouvait au milieu des herbes, devant l'eau, il se sentait aussi peu important qu'un moustique, et toute chose (y compris sa propre mort) lui paraissaient nécessairement paisibles et intéressantes. " [Ce jour-là, 1947 - cité par Erik75, site communautaire Babelio] * " Il regardait d'un air rêveur tantôt le revolver, tantôt le visage de Fabien. Jamais il n'avait songé que l'herbe et les arbres autour de la maison pouvaient exprimer d'un moment à l'autre tant de désespoir. " [Ce jour-là, 1947 - cité par mireille.lefustec, site communautaire Babelio] * [TEXTES CRITIQUES] : " GERMAINE ENQUÊTE ! Comment rêver encore S'interroge le poète André Dhôtel dans son très beau texte intitulé Orage (II), lui même tiré de ce petit bijou de poésie qu'est le recueil "Poèmes comme ça", paru aux éditions le temps qu'il fait au tournant de ce siècle d'avec le précédent. [Erik35, site communautaire de lecteurs Babelio, 23 juin 2017] * Un Dhôtel avec toujours cette touche d'humour là où elle est inattendue. [ollivier, site communautaire de lecteurs Babelio, 2 octobre 2019] [1947] |
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Le plateau de Mazagran réédition : La Guilde du Livre (Lausanne), 1960, 208 pages ; réédition : éd. Marabout (Verviers), 1977, 192 pages [7ème ROMAN] * [EXTRAITS] : " Il semble parfois que les circonstances sont attachées les unes aux autres comme les wagons d'un grand train de marchandises chargés de fleurs, de bêtes, de minéraux, de glace, d'ennuis, de joie et de rêves, et aussi, de loin en loin, parfaitement vides. " * [TEXTES CRITIQUES] : " SUR LE BORD DE L'IREEL " " André Dhôtel sait l'art de maintenir ses personnages sur le bord de l'irréel. Le lecteur ne s'en plaindra pas. Il n'y a rien de plus décourageant qu'un romancier qui explique tout, tout de suite. Dhôtel, lui, fait largement confiance à l'insatiable curiosité de son lecteur et il ne l'accepte comme complice qu'après l'avoir complètement ahuri. Ceux qui ont aimé Ce jour-là ne manqueront pas son dernier roman, Le plateau de Mazagran. " [Bennard Gros, Réforme, 27 novembre 1948 - texte reproduit dans le supplément au bulletin n°28 de LA ROUTE INCONNUE, Association des Amis d'André Dhôtel, mars 2011] * " UN PAYSAGE ÂPRE ET DOUX, ETROIT ET SANS LIMITES " " Si vous passez par le plateau de Mazagran, vous ne pouvez plus, après avoir lu ce livre, ouvrir les yeux vers les lisières, les vallons et les crêtes, sans voir fuir comme une gazelle de l'Ardenne champenoise la forme féminine en robe et cheveux flottants que Dhôtel a nommé Juliette, et qui vous semblera désormaius l'incarnation du paysage âpre et doux, étroit et sans limites. " [Camille Lecrique, L'Ardennais (Charleville), 5-6 novembre 1977 - texte reproduit dans le supplément au bulletin n°28 de LA ROUTE INCONNUE, Association des Amis d'André Dhôtel, mars 2011] --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- [1949] |
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1949, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 256 pages ; réédition : éd. Phébus (Paris), collection "libretto", 2003, 160 pages [8ème ROMAN] Nous sommes dans la Grèce des années 20 où Dhôtel (qui n'avait encore rien publié) a passé quelques années qu'il devait qualifier plus tard d'inoubliables. Iannis Klonaridis a trop aimé la libre vie de son enfance à Nauplie, au bord de l'eau, son goût salé d'aventure, la complicité partagée avec son ami Marcos et avec l'intraitable Hélène. Ensemble, à quatorze ans, ils ont fait les quatre cents coups, ensemble ils ont suivi le mystérieux Sotiros, plus vieux qu'eux d'une douzaine d'années, un fils de famille adonné à d'improbables trafics, ensemble ils sont tombés amoureux d'Hélène.L'année de ses dix-huit ans, Iannis apprend que sa famille part s'installer à Athènes. Sentant venir la fin d'un monde, il demande la main de la jeune fille et se fait éconduire. Un méchant guignon semble s'attacher à ses pas. Responsable d'un accident d'auto qui va coûter la vie à son frère aîné, chassé au loin par les siens, le garçon s'exile dans une île oubliée où il ne trouve rien d'autre qu'un emploi à la mine. Commence alors pour lui une vie qui pourrait être misérable mais qu'éclaire la présence d'une petite troupe de déclassés pittoresques, tous occupés à interroger le ciel depuis la terrasse du café. Jusqu'au jour où, les ouvriers de l'endroit s'étant révoltés avec Iannis à leur tête, débarque l'improbable propriétaire de la mine : nul autre que ce gandin de Sotiros, suivi de la belle Hélène... Iannis serait-il voué, toujours et partout, à se faire rire au nez par le destin ? A moins de réussir, loin de l'attente de tous, à trouver le chemin d'un exil plus grand encore. Sa tragédie pourtant, des plus modestes, est loin d'avoir les prestiges qu'on est en droit d'attendre du premier roman venu. Mais il arrive que la vie la mieux déshéritée découvre des échappées que ne signale aucun livre et qui mènent, sans qu'on y ait songé, à la porte du mystère le plus poignant : cette insistance de la beauté auprès de nous quand tout espoir semble avoir déserté les lieux du monde. L'un des plus mystérieux parmi les romans de Dhôtel (1949) - le plus grand de ceux que lui aura inspirés la Grèce. |
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* [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : Une petite histoire toute simple d'André Dhôtel, l'homme de la simplicité. Chose inhabituelle chez lui, elle est écrite à la première personne. le narrateur, jeune grec fortuné, se rend responsable de la mort de son frère dans un accident de voiture stupide. Désespéré, il abandonne les siens, part seul. de famille honorable, il peut compter sur un réseau de relation pour lui trouver une situation. Mais la guigne s'attache à ses pas, commençant à frapper dès qu'il s'arrête en un lieu. [PhilippeCastellain, site communautaire de lecteurs Babelio, 29 décembre 2019] ______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ [1949] 1949, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 272 pages ; réédité par Gallimard, collection "folio", 1984, 254 pages [9ème ROMAN] À travers la quête de Jean Colligant, jeune ingénieur agronome, qui poursuit la mystérieuse Irène Morin, la perd, la retrouve, plusieurs personnages s'affrontent avec violence. Le tourment de toutes ces vies est tempéré par le bonheur inoubliable qu'apportent des paysages familiers, les senteurs de la terre et de la forêt, dans la Bourgogne et le Jura. * [EXTRAITS] : " La petite ferme des Cravart était bâtie sur un léger penchant, au-dessus du ruisselet de la Valserine, à une petite distance de Mijoux. La maison s'ouvrait sur un terre-plein où l'on empilait le bois de hêtre pour l'hiver. Deux bouleaux s'y dressaient, et l'on venait s'asseoir sur les bancs, après le repas de midi, en attendant de reprendre le travail." [Les chemins du long voyage, 1949 - rééd. coll. "folio" Gallimard, 1984/2003 : page 182] * [TEXTES CRITIQUES] : Chronologiquement le 9ème des 49 "romans et récits" d'André Dhôtel, publié en 1949, ce roman frappe immédiatement par la multiplicité - prodigalité donnant au récit des allures de "Comédie humaine" - des personnages peu à peu introduits : Jean Colligant le jeune ingénieur agronome, René Cervier le propriétaire du domaine de Champlevent (près Pondeuvre) qui accueille ce jeune homme, Mme Aline Cervier (mère), le neveu Daniel Cervier, Julienne (la servante du domaine), Pierre Cervier "l'aventurier de la famille" (frère de René et père de Daniel), Amélie Cravart (ancienne servante et future compagne de Pierre Cervier), Mme Choivant "aux trois rengaines", Marville ("l'entomologiste du département"), Giromandin (et sa fille Agnès), la demoiselle Edwige Chabet et ses parents (gros marchands de Chalon), Daniel Morin et sa fille : Irène... et encore nous n'en étions alors qu'au chapitre IV (sur les XX que compte le roman...). C'est dire que nous sommes plongés d'emblée dans l'univers réjouissant des "figures" peuplant les premiers chapitres d "Eugénie Grandet" (Saumur, début XIXème siècle) De Balzac, transposé dans l' "après-guerre" champenoise... [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 2017] * C'est une histoire assez banale qu'André Dhôtel a choisi de nous raconter dans ce roman écrit en 1949. Un jeune ingénieur agronome trouve de l'embauche dans une grosse exploitation agricole de la région de Mâcon. Il y rencontre une jeune femme dont il tombe amoureux, mais la belle a deux autres soupirants... Des amours contrariés, un triangle, ou plutôt, un carré amoureux, rien de très original. Et ce ne sont pas les nombreux chassés croisés ou la fin dramatique qui viennent changer la donne. Et pourtant, cette histoire toute simple, André Dhôtel parvient à lui donner une allure de conte merveilleux. Il lui suffit de susciter quelques images vaguement inquiétantes - des visages qui apparaissent aux carreaux des fenêtres les soirs de pluie, un étrange boiteux qui rôde par la campagne, un voyageur fabuleux dont les apparitions hantent la mémoire de ceux qui l'ont connu - pour que son récit s'imprègne d'une aura de mystère que viennent encore amplifier quelques secrets de famille. Une fois ce mystère à son comble, l'auteur lève le voile d'un seul coup. Il le fait par le biais d'un long flash-back qui remet en place les évènements et les personnages et éclaire l’histoire d'un jour nouveau. Tout s'explique alors très logiquement. Il n'y a plus ni mystère, ni magie. Rien que de bien réel et de tristement normal. En procédant ainsi, Dhôtel déconstruit son récit pour nous replonger dans la morosité du quotidien. L’histoire romanesque s’efface au profit d’une narration quasi naturaliste : les époux Cravart survivant modestement au fond de leur taudis, le métayer fabricant des milliers de boite à fromage, l’errance de la jeune Amélie dans la campagne bourguignonne, autant de portraits et d'images d'un petit peuple industrieux et misérable. Heureusement, la nature n’est jamais bien loin et André Dhôtel la célèbre dans toute sa force et sa beauté, des plaines de Bourgogne aux plages du Cotentin en passant par les montagnes du Jura. [Lekarr76, blog "SF Emoi", 26 septembre 2022] [1950] |
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1950, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 412 pages [10ème ROMAN] Ce roman est l'un des plus longs d'André Dhôtel : il court sur environ 400 pages. Et, alors que la plupart de ses oeuvres se déroulent dans un temps imprécis, et sur une période assez courte - quelques années -, nous avons ici toute une fresque qui s'étend de 1884 à 1920, et qui suit la vie de deux personnages particuliers, Henri Chalfour et Eléonore Joras, de leur enfance à la cinquantaine... [Les Lieux d'André Dhôtel, "Cahier André Dhôtel", numéro 4, année 2005] * [EXTRAITS] : " Des hauteurs de Marcoux, elle voyait la profondeur sans fin des marais, les taillis et les bois de peupliers qui environnaient la Seine ; Eléonore entreprit de visiter les marais avec leurs chemins peuplés de ronces, de cornouillers, de merisiers et de pruniers sauvages. Malgré sa robe longue qui l'embarrassait, elle pénétrait dans ces halliers qui couvraient parfois deux à trois hectares. Après des heures de marche difficile, elle parvenait à de curieuses clairières que personne ne visitait. " La vallée ! Ses mille chemins, ses penchants couverts de prés, de bois, de cultures. Vers le sud l'immense plateau ondulé qui sépare la Seine de l'Yonne, et où les nombreux villages se perdent dans l'étendue. Il y avait ces futaies et ces halliers sans fin dans une région de marécages où Eléonore aimait faire de longues promenades, où elle avait rencontré Dufard au temps de sa franche jeunesse. Comment une campagne si vaste n'aurait-elle pas abrité tant d'événements, dont l'aventure d'Henri Chalfour n'était qu'un mince épisode ? Il avait tué Jarnicot et l'on savait aussi qu'il avait eu un enfant avec une fille de bonne famille, Rosine Villiers, qui s'était mariée à Troyes. [L'Homme de la Scierie, Gallimard, 1950 - page 265] * [TEXTES CRITIQUES] : Peut-être l'oeuvre la plus aboutie d'André Dhôtel, et pourtant l'une de ses moins connues. Logiquement plutôt, en fait : elle est totalement cryptique. Un ouvrier se réveille un matin, couché à même le sol, au beau milieu d'une scierie. Il sait qu'il travaille ici. C'est à peu près la seule chose dont il se souvienne. Pour le reste, toute sa mémoire s'est comme envolée. Tout son corps lui fait mal. Ses compagnons de travail arrivent, le reconnaissent, prennent soin de lui. Mais bien que très amoché, il refuse d'aller se faire soigner, et se met à travailler. Peu à peu des souvenirs lui reviennent. Ceux de l'enfance, d'abord…
[PhilippeCastellain, site communautaire de lecteurs Babelio, 20 juin 2022] [1952] |
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1952, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 320 pages ; réédition : éd. Gallimard, collection "L'Imaginaire", 1984, 322 pages [11ème ROMAN] Bernard le paresseux est un héros de Dhôtel tout à fait typique. Adresser, de la fenêtre d'une maison de Draps et Tissus, une orange à un gamin au moyen d'un pèse-lettre et d'une ficelle ; caresser le souvenir d'une camarade partie pour Madagascar ; remarquer un bracelet d'améthystes au poignet d'une passante ‒ voilà, dans cette petite ville, ce dont la vie de Bernard paraît tissée. * [EXTRAITS] : " La rivière est animée en toutes saisons d'un courant assez fort, et pour y pêcher il faut se poster au fond des anses plus calmes bordées d'osiers et de grèves. Estelle ne prit pas beaucoup de poisson, mais cela lui était agréable de venir au bord de la rivière et, le soir, en regagnant sa voiture qu'elle laissait sur quelque chemin écarté, elle regardait avec des yeux ardents les ormes et les chênes dressés au milieu des haies, mais on voyait cependant par endroits l'étendue très douce des prés dans la plaine. Il n'y a pas à se demander ce que signifie la vie. " [Bernard le paresseux, 1952 - rééd Gallimard, coll. "L'imaginaire", pages 147-148] *
[TEXTES CRITIQUES] : « Il n'y a pas à se demander ce que signifie la vie. ». Une phrase-point d'orgue située à moitié d'ouvrage. La musique de Dhôtel, évidemment inaoubliable. Mais notre siècle nouveau semble parfois amnésique. Ce dixième roman de Dhôtel, publié chez l'éditeur Gallimard en 1952 est le dixième d'une déjà impressionnante production de "conteur oriental" (précisons : des Ardennes) : Bernard le paresseux n'a pas exactement tous les charmes de Campements (1930), Le village pathétique (1943), Nulle Part (1943 - et un authentique premier chef d'oeuvre !), Les rues dans l'aurore ou les aventures de Georges Leban (1945), David (1947/1948), Ce jour-là (1947), Le plateau de Mazagran (1947), Ce lieu déshérité (1947 - qui fut son premier court "roman grec"...), Les chemins du long voyage" (1949) et L"homme de la scierie (1950). [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 2016] * Je continue à explorer les opus de Dhôtel. Et toujours les jeux du hasard, les événements et les histoires qui s'enchaînent les uns les autres, les incompréhensions comme un destin ; et toujours des amitiés étranges, injustifiées ; et l'image de la beauté féminine qui emporte tout ici jusque dans la mort. L'humour est toujours aussi surprenant, comme la poésie inhabituelle. C'est le 11ème roman de Dhôtel que je lis ... et il en reste tant ! [ollivier, site communautaire de lecteurs Babelio, 21 décembre 2019]
[1952] |
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Rimbaud et la revolte moderne réédité aux éditions La Table Ronde, coll. "La petite vermillon", préface de Jean-Claude Pirotte, 2004, 208 pages [ESSAI] Moderne, ô combien ! la révolte de Rimbaud. Elle apparaît aujourd'hui plus que jamais nécessaire. Mais, paradoxe, scandaleusement étouffée sous la chape des commémorations factices, repues d'académisme. Doublement moderne, donc, «comme un second regard jeté sur le monde», et furieusement prémonitoire. Cet essai de Dhôtel, vieux d'un demi-siècle, on le croirait composé ce matin. Il nous rappelle avec force combien la « logique de rupture » de Rimbaud s'accroît d'un pouvoir d'insurrection sans cesse réamorcé, qui dénonce avec rage « les deux décrets que nous nous imposons comme des vérités : celui qui proclame que la science est le modèle de toute connaissance, et cet autre qui célèbre l'inspiration, en déclarant que le dogme religieux ou poétique (on peut sans crainte ajouter : politique) a résolu tous les problèmes en les séparant de la vie ». Ce que veut Rimbaud, c'est l'aventure, dans l'oubli du résultat. Ce qu'il refuse est précisément ce que notre présent nous impose : l'asservissement de l'âme et du corps aux ukases du profit ? la négation du vivant. « Je songe, écrivait Rimbaud, à une guerre de droit ou de force, de logique bien imprévue. » Cette guerre-là, contrairement aux autres, il est urgent de la déclarer. * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1953] |
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1953, éditions Gallimard (Paris), collection Blanche, 280 pages ; réédité aux éditions Phébus, collection "libretto", 2004, 288 pages [12ème ROMAN] Sylvestre n'a pas bonne réputation. Bien qu'il ait passé depuis longtemps l'âge de faire des bêtises, chacun se demande si le vieux hors-la-loi, qui n'en a jamais été à une folie près, saura tenir en main son propre fils, arrivé à l'âge des mauvais coups et des amours imprudentes. Comme par un fait exprès, ledit fils s'amourache d'une fille qui n'est pas de sa condition, une de ces beautés inaccessibles qui finissent dans les bras d'un assureur ou d'un pharmacien, pas dans ceux d'un galvaudeux - rejeton au surplus d'un célèbre propre à rien. Mais c'est sans compter sur les décrets du ciel, fâché souvent avec l'humaine raison, et qui n'a pas toujours la même façon d'envisager ce qui est folie, ce qui est sagesse. Comment savoir ? Rien à savoir sans doute. Sinon telle manière de suivre le cours des choses en gardant confiance, même si tout indique qu'on a pris le mauvais chemin. Un roman qui a fait date dans la carrière de Dhôtel (publié en 1953, soit deux ans avant Le Pays où l'on n'arrive jamais) : où apparaît l'une des premières figures de ces dévoyés magnifiques qui nous enseignent leur drôle de sapience en épuisant toutes les ressources de l'ordinaire calamité. * [EXTRAITS] : " On partait en bande, vers deux heures du matin, avec la voiture à bras, et on allait cueillir les guignes de certains arbres immenses sur quelque coteau de la Bonance, en pleine campagne. * [TEXTES CRITIQUES] :
[1954] |
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Le Maître de pension [13ème ROMAN] " Dans tout ce récit, romanesque à plaisir, que de souplesse et d'aisance, que de savants éclairages et d'adroites perspectives, qui nous prennent au jeu, nous baignent en des remous de fantaisie, de mystère, de poésie - la poésie des êtres et des choses. Au vrai, André Dhôtel est un conteur pleut-être plus qu'un romancier, s'il faut distinguer, et si l'on veut que le roman soit une batterie de projecteurs dressés sur la réalité. Mais qu'est-ce que la réalité ? Où s'arrête-t-elle ? Pourquoi ne pas regarder au-dessus ou derrière ? C'est ce que fait Dhôtel. Bref, il reste ouvertement celui qui raconte. Et son attitude, nonchalamment, se joue des prétentions du roman objectif, sans écran et sans témoin, puisqu'il donne autant que les plus chevronnés des techniciens modernes le sentiment de la réalité. D'ailleurs, il témoigne d'un réalisme incontestable. Il est attentif au détail, minutieusement. La campagne, le village, ses maisons, les visages et les corps, les attitudes, l'heure et la saison, tout est décrit, cerné d'un trait vif, juste et pittoresque. Mais à cette vérité exacte et ordinaire, il excelle à ajouter la transparence ou l'ombre obscure de l'étrange. Il suggère dans le tableau, dans la péripétie, et dans l'expression de l'âme, les profondeurs indicibles où l'on se perd. " (Maurice Faure, "France-Observateur" n° 204, 8 avril 1954). * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1955] |
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1955, éditions Bernard Grasset (Paris), collection "Les cahiers verts", 272 pages [14ème ROMAN] * [EXTRAITS] : « C'est alors que je vis la jeune fille. Elle était debout dans l'ombre d'un buisson. Ses cheveux blonds s'étaient accrochés à une ronce et elle s'efforçait de se dégager. Je pensai la reconnaître. Sans hésiter je suis allé vers elle. J'ai cassé la ronce puis j'ai pris la jeune fille par le bras et je lui ai dit de se jeter par terre le long du petit talus. Nous étions allongés face contre face lorsque les avions passèrent au-dessus de nous.On entendit bientôt une mitraillade dans l'éloignement, après quoi ce fut un grand silence. » * « Il y a peut-être des lieux où l'on se trouve soudain comme dans le ciel. » * [TEXTES CRITIQUES] : [1955] |
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La chronique fabuleuse 1960 (nouvelle édition augmentée), Mercure de France (Paris), 208 pages [NOUVELLES & FRAGMENTS] " Avant de nous promener sur les routes, Martinien, il faut nous envelopper d'éternel. On dit que c'est la chose la plus simple du monde. Mais nous avons réservé notre enthousiasme pour le vent, l'amitié du jour, le bruit des volets qui s'ouvrent. A notre tour nous allons inventer la vie, prêtes à déplorer nos erreurs et à pâtir, et cependant heureux de retrouver toujours sur l'asphalte le reflet fidèle de l'immobilité des cieux. " Publié au Mercure de France en 1960, "La chronique fabuleuse" (édition augmentée) est un récit typiquement dhôtelien : une promenade en prose en forme de rêve qui prend le lecteur par la main pour l'entraîner sur les chemins de la campagne ardennaise et pour lui donner une leçon de choses. Sous la plume vagabonde d'André Dhôtel, des fleurs banales deviennent magiques, des animaux familiers mythiques, des hommes ordinaires nobles et sages. Ce recueil comprendra au final (dans son édition augmentée de 1960) les vingt-sept pièces suivantes : - Départ - Patience - Fleurs - Le désert (1947) - Le parc (1949) - Le champ (1947) - Rencontre (1946) - Le criminel (1948) - Le loup (1950) - La vallée des migrations (1959) - Le chemin (1955) - Fait divers - Retour (1955) - Ecritures (1955) - Discussion (1956) - Harmonie (1956) - L'araignée (1956) - Vacances (ou Solitude) (1949) - Celles qui dansaient (1958) - La route des abîmes (1951) - Demain (1959) - Faubourgs - Autres temps (1957) - Quelqu'un (1949) - Enfants et musiciens (1960) - Le chemin de fer (1949) - L'homme de la scierie (1949). * [EXTRAITS] : " Martinien ne songeait pas aux filles, mais il errait. Peut-être écoutait-il les conversations derrière les portes. Il me demanda un soir si je croyais que vingt ans (il avait vingt ans) ou même cinquante ans suffisaient pour connaître les choses essentielles du monde et que personne n'a jamais pu dire, étant donné la brièveté de chaque vie humaine. Malgré les traditions, on ne peut constater que des faits approximatifs ou à la rigueur, pour peu qu'on s'y intéresse, quelques faits scientifiques. Mais le vent du soir apporte des paroles inconnues, dont, après bien des années d'études, on parvient tout juste à saisir des bribes. " [extrait choisi par jeronimus, site communautaire de lecteurs Babelio, octobre 2017] * [TEXTES CRITIQUES] : [1955] |
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Le Pays où l'on n'arrive jamais 1955, éditions Pierre Horay (Paris), collection "Flore", 256 pages Rééditions successives : éd. Hachette coll. "Bibliothèque verte", 1958 – 271 pages / éd. Mame, 1959 / J'ai lu – 1959 - 256 pages/ éd. Presse de la Cité, 1963 – 252 pages / J'ai lu, 1966 – 256 pages / éd. Hachette, coll. "Bibliothèque verte", 1968 – 253 pages / éd. Gallimard, coll. " Jeunesse" – mai 1973 / éd. J'ai lu, 1982 – 256 pages / éd. Gallimard, col. "Folio junior",1983 – 229 pages / éd. Gallimard, coll. "Folio junior",1992 – 275 pages / éd. Gallimard coll. "Folio junior", 1997 – 272 pages / éd. J'ai lu,1999 – 249 pages / éd. Flammarion coll. "Librio", 1999 / éd. J'ai lu, 1999/ éd. Horay, 2005 – 290 pages / éd. Gallimard, coll. "Folio junior", 2009 - 230 pages [15ème ROMAN] « Il y a dans le même pays plusieurs mondes véritablement. Dans les contrées situées au nord, jusqu'au Rhin ou jusqu'au port d'Anvers, ce sont des centaines de collines et de plaines chargées de richesses, et l'on peut voir aussi les eaux immenses des canaux, des fleuves, des bras de mer, tandis qu'au coeur des villes, sur des places, souvent désertes, s'élèvent les beffrois qui inspirent autant de terreur que d'admiration. » La vie routinière et sage de Lominval, petit village des Ardennes, aurait dû mettre Gaspard, fils de forain, à l'écart de toute vie aventureuse. Mais un regard échangé avec un enfant fugitif qui a décidé de retrouver « Maman Jenny » et le pays de son enfance va l'entraîner, malgré lui, dans une cascade d'aventures surprenantes et merveilleuses. [Prix Femina en 1955] * [EXTRAITS] : « Il y a dans le même pays, plusieurs mondes véritablement. Si l'on explore les Ardennes, ce n'est pas une forêt que l'on découvre, mais mille forêts. Dans les contrées situées au nord, jusqu'au Rhin ou jusqu'au port d'Anvers, ce sont des centaines de collines et de plaines chargées de richesses, et l'on peut voir aussi les eaux immenses des canaux, des fleuves, des bras de mer, tandis qu'au coeur des villes, sur des places souvent désertes, s'élèvent les beffrois qui inspirent autant de terreur que d'admiration. » * « Elle avait décidé que la plaie de l'univers, c'étaient les gens originaux et que de telles gens feraient mieux de ne pas exister. * « Les gardes champêtres et maints agents de la fonction publique éprouvent la nécessité de faire un discours pour expliquer ce qu’ils vont faire, et ainsi il n’est pas possible de leur échapper. Dès les premiers mots, l’enfant blond s’était élancé bousculant Gaspard, mais aussitôt il fut arrêté par le charron qui avait contourné l’église et qui venait en aide au garde champêtre. Le charron saisit l’enfant par le bras. L’enfant se débattit d’abord avec fureur, mais il se résigna à son sort lorsque le garde fut arrivé pour prêter main forte au charron. Gaspard assista à la scène sans faire un geste ni dire un mot. Il n’était pas question d’entamer une lutte ou une discussion avec le garde et le charron. Déjà l’enfant s’éloignait vers l’extrémité de la place entre les deux hommes. » * « ‒ Si tu veux découvrir ce que tu cherches, Gaspard, tu dois tâcher de lire les signes qu'il y a dans les choses. Observe ces jardins, ces parcs, avec des massifs de fleurs, les carrefours des chemins.Peu de personnes les connaissent et ont l'occasion d'en parler. Le pays d'Hélène t'apparaîtra peut-être dans un de ces lieux inconnus dont il y a des milliers par nos contrées. » * [TEXTES CRITIQUES] : " André Dhôtel est né le 1er septembre 1900 à Attigny (Ardennes) et mort le 22 juillet 1991 à Paris. Ecrivain et scénariste il est connu du grand public par ce roman Le Pays où l'on n'arrive jamais (1955, Prix Femina), il est par ailleurs l'auteur d'une œuvre abondante et singulière.Dans un petit village des Ardennes, Lominval, grandit un petit garçon, Gaspard, confié par ses parents forains à sa tante. Le petit Gaspard semble mystérieusement désigné comme déclencheur de catastrophes dont il sort étonnamment indemne, « Encore une catastrophe ! murmurait Gaspard. Que me reste-t-il à faire ? ». Un jour, il rencontre un enfant de son âge qui se cache, il a fugué pour retrouver sa mère, Maman Jenny, sa famille et son pays. Gaspard va l'aider à se sauver puis partir à sa recherche sur la route d'Anvers, dans une cascade d'aventures surprenantes et merveilleuses, « Qu’il fasse ou qu’il dise n’importe quoi, il était entraîné malgré lui loin de Lominval ». Il rencontrera en chemin un cheval pie mystérieux, un coiffeur bien renseigné, un père et ses deux fils musiciens ambulants, de riches excentriques les Residore père et fils. Tous lui viendront en aide, même si les moyens employés paraîtront étranges à Gaspard. Plus tard, Gaspard découvrira que l’ami recherché est en fait une fille nommée Hélène. Un conte, plus qu’un roman, comme on en lisait dans notre enfance, je parle de l’époque qui ne connaissait pas les jeux vidéo et l’ordinateur. Souvent les faits sont répétés ou résumés par Gaspard, pour que le jeune lecteur ne perde pas le fil de l’histoire. Une histoire rocambolesque bien entendu, mais qui fait la part belle aux rêves. Un jeune garçon qui instinctivement décide de venir en aide à un alter ego plus intrépide que lui, puisqu’il a décidé d’abandonner la vie luxueuse que lui offre un soit disant « oncle », pour partir à l’aventure à la recherche de sa mère et du pays qui l’a vu naître. L’errance, le voyage et ses rencontres, un soupçon de mystère mais si le destin est étrange, il reste toujours bienveillant. La lecture de ce roman nous plonge aussi dans une douce mélancolie, nostalgie de l’enfance peut-être, images mentales des paysages ardennais qui me renvoient à l’automne et aux chaudes couleurs mordorées des feuillages d’arbres bordant le lit de la Meuse ou de l’Escaut. Un très beau livre pour retrouver notre naïveté et nos rêves de gamins. " [Lebouquineur, source : http://lebouquineur.hautetfort.com/archive/2012/10/12/andre-dhotel-le-pays-ou-l-on-n-arrive-jamais.html, 12 octobre 2012]* Prix Fémina 1955, Le Pays où l'on n'arrive jamais est devenu au fil des ans une lecture jeunesse. Après plusieurs rééditions, ce classique de la littérature française est de nouveau ravivé. le texte d'André Dhôtel est revêtu d'illustrations en bichromie (orange et vert). Chaque page est ainsi animée, illuminée. Les mots prennent alors de la profondeur, le lecteur s'abandonne, l'histoire se fait enveloppante. [Nadael, site communautaire de lecteurs Babelio, 29 décembre 2015 - lien http://lesmotsdelafin.wordpress.com] * Le pays... est une oeuvre capitale que certains qualifieront de "désuète"... sans doute par son style "enfantesque" et ses préoccupations totalement inactuelles (*). Petit enchantement littéraire encore traversé par les ruades les plus aériennes du Cheval pie, apparaissant puis disparaissant à la lisière d'un bosquet ardennais... Comme l'aurait déclamé sans doute le vieil aède Homère (s'accompagnant dûment de son luth) : "Chantent les noms de Gaspard Fontarelles, Hélène Drapeur... Lominval, son auberge obscure, sa forêt sans limites... " Ce roman nous entraîne sur les pas incertains de très jeunes personnages, tous amoureux des chemins de traverse, poursuivant un rêve ou une quête d'éblouissements... rencontrant d'autres personnages fantasques alimentant leur chemin, leur quête dont le but réel se dérobe sans cesse. Sorte de "Graal" évanescent, toujours mouvant... Il nous faut donc continuer avec eux à marcher de page en page, suivre Gaspard et Hélène et s'embarquer sur la mer incertaine, prendre la première roulotte qui passe... Dhôtel fut un auteur prolifique, généreux : presque le "torrentiel" Simenon, ou tout comme... (*) Cf. "DHÔTEL L'INACTUEL" (avril 2013, 72 pages), la prodigieuse étude critique mise en ligne par Max Vincent, et que vous pourrez télécharger et imprimer gracieusement [lien : http://www.lherbentrelespaves.fr/public/dhotel.pdf/] [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 5 février 2017] * Prix Fémina 1955 : c’était audacieux. [ © Chantal Lafon-Litteratum Amor, 15 novembre 2019 - article partagé sur le site communautaire Babelio] *
Le pays où l'on n'arrive jamais... c'est le livre que je n'arrivais jamais à lire!
[HORUSFONCK - site communautaire de lecteurs Babelio, 27 novembre 2019]
[1956] |
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1956, Fasquelle éditeurs (Paris), collection "Libelles", 144 pages ; réédité aux éditions Grasset, collection "Les Cahiers Rouges", 2002, 140 pages [16ème ROMAN] Julien s'embarque comme stewart sur un paquebot. Jeté à l'eau, il échoue à la nage sur une île survolée par des oiseaux au plumage de fer, au bec couleur d'argent, aux yeux de verre. Dans cette île, tout est trop net. Les voitures se conduisent toutes seules. Des robots servent des habitants sans âge et sans amour. Seule la jeune psychologue Irène est sensible au charme de Julien. Comment parviendra-t-il à fuir avec elle ? Une parabole sur l'automatisation et le progrès où la fantaisie, le fantastique social, l'onirisme de Dhôtel, accentués par le mystère de l'insularité, font merveille. * [EXTRAITS] : " - Mais le questionnaire auquel j'ai été soumis était absolument hasardeux, observa Julien. * [TEXTES CRITIQUES] : " L'HORREUR VENUE DES AILES " Une très large moitié du XXème siècle aura été l'époque privilégiée des grandes fictions futuristes, des contre-utopies et autres dystopies, héritières des romans de Jules Verne pour la forme (Jules Verne expose, quant à lui, une vision globalement positive de ces bouleversements technologiques) et mères de ce genre littéraire fâcheusement un trop enfermé dans cette sphère plus généraliste qu'est la science-fiction. Les livres de H-G Wells, de Zamiatine, d'Aldous Huxley, de George Orwell, de même que le trop oublié, passionnant et bizarre Kallocaïne de la suédoise Karin Boye, font écho aux impressionnantes - mais souvent perçues comme trop rapides - évolutions du monde moderne : scientisme et positivisme triomphant, progrès incessants et d'évidence incontrôlable de la technique et de sa fille Technologie, industrialisation démesurée, internationalisation puis mondialisation des échanges et des intérêts financiers, urbanisation démultipliée tout autant que bien souvent désordonnée, consommation de masse, montée des totalitarismes rouges ou bruns : autant de phénomènes conjuguant tous les ingrédients pour voir l'émergence de nouvelles réflexions éthiques, philosophiques et politiques, souvent porteuses d'inquiétude et même d'angoisse. [Erik35, site communautaire Babelio, 21 janvier 2017] * Le très brillant article (exhaustif et louangeur) de notre ami Erik35 a dit l'essentiel sur ce somptueux petit roman "fantastique" de 1956, bouclant la courte mais passionnante saga de son jeune héros déroutant (toujours à mi-chemin entre réel ennuyeux et imaginaire dangereux), Julien Grainebis "de Bermont" comme seul titre de noblesse [Cf. Les voyages fantastiques de Julien Grainebis de 1957 - 4 aventures intérieures (dont le Comment on traverse un arbre de 1954 et Le village invisible de 1956 valent largement ceux les exploits involontaires de Sindbad...). Tout y chante clair. La psychologue Irène nous plaît. Julien "le naufragé" a son innocence subversive (évidemment sans le savoir), et ce foutu monde semi-robotique trop bien réglé se dérègle... Tout est poétique et étrange : on le sait au moins depuis Le Pays où l'on n'arrive jamais de 1955 - mais tant d'autres romans dont nous persistons à ignorer l'existence EXISTENT (Seulement, les troupeaux de moutons que nous sommes devenus ne se rendent plus depuis longtemps en ces pâtures-là... préférant brouter avidement - en masses rassurantes - une herbe prédigérée de hypermarchés, évidemment allergisante à certains... ) : l'aisance de Dhôtel avec "Le Merveilleux" parfois franchement inquiétant du quotidien champenois ou ardennais, est réelle... Jusqu'au détail de l'acte gratuit de "l'ami de rencontre" Daniel qui nous ramène dans le merveilleux monde inquiétant de Franz Kafka (celui de Amerika/Der Verschollene...). On aime vraiment cette histoire, sa simplicité, sa poésie de l'inattendu, ces oiseaux de fer aux becs tranchants apparaissant et disparaissant en nuées et se réfugiant derrière les nuages, absurdes gardiens d'un "faux-paradis" : tout notre triste monde réel en sursis, mais qui se "pense éternel" bref... "Escape from the Hell " (pour paraphraser le célèbre Escape from New York du vétéran du ciné fantastique John Carpenter...). Et "l'histoire" de 126 pages (dans la magnifiscence de la police de caractères des "Cahiers Rouges" de Grasset...) "finit bien" - c'est-à dire "tranquille", à Bermont avec fiançailles et tartes aux cerises... En conclusion ? (RE-)DECOUVRONS ensemble, peu à peu, ce monde fabuleux des 49 "romans et récits" du petit Père Dhôtel (1900-1991), la plupart redevenant dispos en collections de poche... Vous en aurez pour des années de bonheur (ou je vous rembourserai personnellement de tous vos frais, garanti aux amateurs/amatrices de solide & humble vraie Poétique !)... [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 10 août 2017] [1956] |
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1956, éditions Bernard Grasset (Paris), 256 pages ; réédition : Grasset, collection "Les cahiers Rouges", 2011, 266 pages (prix de vente public : 9,20 €) [17ème ROMAN] Pour débusquer la part de fantastique qui se cache dans la vie quotidienne, André Dhôtel ne recourt à aucun sortilège, si ce n'est ceux de la fatalité et du hasard heureux. Avec lui, la quête du Graal revêt l'apparence d'une énigme policière. Avec lui, un banal faubourg devient un lieu de mystères qui semble soudain plus proche du rêve que de la réalité... Le Ciel du faubourg illustre parfaitement la singularité et le charme de Dhôtel, en qui Mauriac reconnaissait "le créateur le plus étrange de nos univers romanesques". * [EXTRAITS] : " Des gens marchent dans les rues. Il semble aujourd'hui que rien ne les guide qui n'appartienne aux nécessités de leurs emplois ou de leur alimentation. C'est bien mal considérer l'humanité, et en particulier celle des banlieues que de se fier à un tel principe. Il arrive au contraire que les uns et les autres s'aventurent dans telle ou telle rue, comme s'ils étaient guidés par un fil invisible qui n'a aucun rapport avec l'utilité ni même avec la vie. " [Le Ciel du faubourg, 1956 - rééd. Grasset coll. "Les Cahiers Rouges", chapitre III, page 88] * [TEXTES CRITIQUES] : Bon sang, et encore un Dhôtel inconnu/méconnu, un ! De 1956... Soixante ans... L'après-guerre dans un faubourg infâme, on ne sait où ! Un comptable (Fortan) et un cordonnier, ancien prisonnier de guerre, (Timard) passent leur temps dominical - qui s'étire - tout en discutant et reniflant les odeurs de goudron de la rue des Freux (c'est en face) en ce morne mois d'août qui chauffe le macadam derrière la clôture et sous les vols de moucherons (à observer) ... Bref, tout cela fait face au jardinet de la bicoque. On est accroupis sous l'ombre en losange de l'auvent. Marc Fortan raconte l'histoire de son père et de sa mère disparue en mer... La "malédiction de la mer" à deux kilomètres de la ferme familiale dans l'Est du Cotentin... Puis le Débarquement... puis... [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 2016] * Marc Fontan travaille comme comptable pour un petit entrepreneur en bâtiment. Il loge chez sa belle-sœur et n'a guère d'autres loisirs que ses discussions avec son voisin Timard et la réparation d'une vieille automobile. Sa vie tranquille et monotone va se trouver bouleversée par une conjonction d'évènements et de mystères touchant ses proches et, par ricochet, tous les habitants de la petite rue où il réside. Au premier abord, Le ciel du Faubourg semble assez éloigné des univers bucoliques dans lesquels baignent habituellement les romans d’André Dhôtel. L’histoire se déroule pour l'essentiel en banlieue parisienne et a pour cadre un quartier populaire coincé entre une usine à gaz, les murs d'un pensionnat et une ligne de chemin de fer. Pourtant la nature est loin d'être absente de ce récit. Elle se niche dans les cours d'immeubles ou les terrains vagues et, plus encore, dans les rêves de vacances des citadins, dans leurs longues discussions sur les coins de campagne que possèdent les uns et les autres et dans ce mystérieux domaine qui appartiendrait à « l’homme aux gants verts » dont l'ombre plane sur le quartier. La recherche de ce domaine justement, fera l'objet d'une véritable enquête qui nous mènera de Paris aux portes du Morvan. La tâche est loin d'être aisée. Marc Fontan et Paul Dassigne, les deux jeunes héros de cette histoire, ne disposent que de maigres indices. Il leur faudra un peu de chance et beaucoup de ténacité pour parvenir à leurs fins. Ils y parviendront toutefois et solutionneront par la même occasion bien d'autres énigmes, leur enquête se transformant alors en quête, celle d’un paradis perdu qu’ils ne feront qu’entrevoir avant d'être à nouveau précipité dans la grisaille banlieusarde. On le voit, Le ciel du faubourg est un livre étrange. On y trouve un peu de tout, des amours contrariées, un soupçon de polar et surtout une atmosphère. Il m’a rappelé certains romans de Pierre Véry empreints de ce réalisme merveilleux qui transmute les évènements du quotidien en rêves ou en contes. Ici le vecteur du mystère, c’est la rumeur populaire. De bavardages en commérages, elle circule parmi le petit peuple de la rue des Freux. Elle déforme ou enjolive les faits et finit par créer une sorte de légende urbaine à laquelle tout un chacun finit par croire. La bande à Angèle y participe aussi grandement. Ce trio de gamins délurés qui sillonne le quartier à l'affût du moindre ragot, est l'une des belles trouvailles du roman. Leurs jeux et leurs déambulations rythment le récit tandis que leurs indiscrétions suscitent et orientent les actes des personnages. Ces derniers en ont d'ailleurs bien besoin. Marc Fontan est un jeune homme effacé qui se laisse porter par les évènements et son ami n'est guère plus entreprenant. Quant aux femmes, en dépit de leur caractère, elles ne parviendront pas plus à fléchir leur destinée commune. Ils semblent tous soumis à une fatalité qui les enchaîne à leur banlieue et les empêche de prendre leur essor. Quoi qu'ils tentent, où qu'ils aillent, tout les ramène à cette rue des Freux, théâtre de leurs petits malheurs mais, peut-être aussi, d'un grand bonheur. [rédacteur : Lekarr76, blog SF EMOI. Lien : http://sfemoi.canalblog.com/archives/2022/04/17/39438550.html ; texte publié le 17 avril 2022] [1957] |
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Dans la vallée du chemin de fer réédition : éd. Horay (Paris), 2003, 248 pages [prix de vente public : 14 €]. [18ème ROMAN] Depuis deux ans, Jérôme et Georgette sont mariés et, aux yeux de tous, vivent heureux. Il dessine des plans de ponts, de routes et de jardins, elle travaille chez un électricien. Elle part quelques jours chez une parente. En pensant à elle, il s'aperçoit petit à petit qu'elle a emmené la photo qui était au coin du lit, la grande valise, ses robes. Il prend sa bicyclette. A soixante kilomètres de là, il la rencontre, main dans la main avec mauret, son supérieur aux Ponts et Chaussées. Dans cette petite ville de l'Est, c'est un drame à la fois neuf et classique qui commence, l'éternelle et désolante histoire d'amour qui, de coeur en coeur, sépare ou réunit les êtres. Que va-t-il se passer ? Une femme étrange, ancienne maîtresse de Jérôme, vient secouer la petite ville de ses extravagances. la vie et le drame continuent. Qu'adviendra-t-il de Jérôme et Georgette ? Et de bien d'autres... Ce roman des égarements du coeur est aussi le récit de corses perdues, haletantes à travers ce continent réel et merveilleux qu'est le "Dhôteland", dans la vallée du chemin de fer. * [EXTRAITS] : " Il se leva lui aussi. Il aurait fallu la repousser avec brutalité mais ce n'était pas imaginable. Dans la lumière du sous-bois son visage était si riant et si gracieux. Sa robe, ses épaules, ses seins soulevés par une respiration légère qui semblait la même pour elle et pour lui. Des yeux vivants ne pouvaient rien voir de plus beau. " [Dans la vallée du chemin de fer, éd. Pierre Horay, 1957 - réédition Horay, 2005, chapitre VI, page 132] * ‒ Je vais faire du feu, dit Jérôme. [Dans la vallée du chemin de fer, éd. Pierre Horay, 1957 ‒ réédition Horay, 2005, chapitre VI, page 136] * [TEXTES CRITIQUES] : " 957. Jérôme Baltat a fort à faire. Sa jeune femme le trompe, et un gamin le nargue depuis le ravin (On lance : "Balthazar est cocu !", et l'on s'envole comme un moineau...). Jérôme s'en fout. Sauf qu'il tuerait bien Mauret, son collègue de bureau et rival. Il y renonce. N'empêche qu'il aime toujours Georgette (la perfide). Il continue de bosser quand même aux "Ponts et Chaussées" sous les ordres de son patron Parieux, qui le ménage, des fois que... Une de ses anciennes maîtresses (Rosalie) réapparaît et "f...t le boxon" dans la paisible ville de Romeux. Scandale. Jérôme doit quitter son boulot et son pavillon face au ravin. Errances. Il retrouve du boulot mais se déclasse, tombe tout en bas de l'échelle sociale. Il s'en fout. C'est la balade des jours qui passent. Tout en s'aventurant dans un bois, au hasard des halliersl s'y fait draguer et embaucher comme "architecte d'extérieur" par Mme Hermeulan, châtelaine entre deux âges (et peintre amateure) ; il lui résiste mais c'est la fille - Véronique - qui s'amourache de lui, dans leur domaine un rien trop retiré des "Sarts" : bref, il fuit... puis la retrouve la nuit dans la forêt (Le chapitre VI suit le magnifique déroulement des heures qui passent pour ce couple sylvestre, jusqu'à l'aube incertaine... ). Retrouvera-t-il Georgette (qui s'est lassée de Mauret, puis s'est déclassée à son tour) ? C'est beau, c'est âpre, c'est prenant... Aventurons-nous donc au bout des dix chapitres de ce beau livre, somptueusement réédité. La magie Dhôtel, une fois de plus... La magie du temps qui passe, des lumières incertaines, et des lendemains dont on ne peut prévoir la couleur... Mais pourquoi Dhôtel est si peu lu, aujoud'hui ? [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 22 octobre 2017] [1957] |
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Saint Benoît Joseph Labre réédition : éd. La Table Ronde (Paris), coll. "La petite vermillon", préface de Hugues Robaye, 2002, 274 pages [RECIT BIOGRAPHIQUE] Benoît Labre est né à Amettes, en Picardie, le 26 mars 1748. André Dhôtel raconte sa vie errante. De sa Picardie natale à Rome ou à Einsiedeln, les mille voyages de Benoît Labre constituent le roman d'un marcheur et d'un rêveur, sans cesse en butte à des refus et des humiliations qui, loin de le décourager, le stimulent. * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1958] |
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Les voyages fantastiques de Julien Grainebis 1958, éditions Pierre Horay (Paris), illustrations de Camille Claus, 196 pages ; réédition : éd. Horay, 2003, 140 pages (prix de vente public : 14 euros) [19ème ROMAN] Qu'un arbre, un oiseau, une ombre même, bouleversent notre vie, provoquent des événements décisifs, voilà qui coule de source pour l'auteur du Pays où l'on arrive jamais. Ici encore, André Dhôtel nous entraîne avec son héros, Julien Grainebis, dans un univers singulier où tout est signe, où les métamorphose deviennent l'habit des âmes bien nées. La fragilité des destins nous fait retenir notre haleine : qu'un garde-champêtre batte du tambour plus que de raison et le village risque de devenir invisible. C'est qu'il y a des équilibres secrets, des correspondances mystérieuses à maintenir ; des voyages à entreprendre sur la pointe du souffle. Voyage fantastiques certes, mais où nous sommes plongés au coeur de la réalité à la fois quotidienne et la plus magique, et au terme desquels nous nous découvrons nous-mêmes. * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1959] |
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1960, éditions Bernard Grasset (Paris), 288 pages ; réédition : Imprimerie Mame (Tours) avec les illustrations de Michel Gourlier, 1960, 200 pages ; réédition : Grasset (Paris), 1988 [20ème ROMAN]
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[EXTRAITS] : « Gilbert arrêta son scooter à l'angle de la rue Tallois et de l'avenue du Général-Marvant. Il gara la machine sur le trottoir de la rue Tallois et s'avança dans l'avenue, la tête haute, les mains dans les poches de la veste de daim qui flottait sur ses épaules. »
* « C'était une des idées maîtresses de M. Parencloud que la suprême habileté consistait à se présenter comme maladroit. » * [TEXTES CRITIQUES] : [1961] |
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1961, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 284 pages ; réédition : éd. Phébus (Paris), collection "librio", 2003, 288 pages (8,90 euros) [21ème ROMAN] Petros Colydas a quitté son île de Samos et le soleil de la Mer Egée pour venir s'établir à Paris oú son oncle tient commerce de fruits & légumes et produits d'Orient. Il a laissé au pays la fantasque Achyro et ses drôles de mèches blondes, une fille qui pour lui n'est pas beaucoup plus qu'une image : Petros est de ces jeunes gens qui ont le génie de laisser filer les plus belles occasions, et qui s'en tirent - ou croient s'en tirer - en s'appliquant à la vie la mieux rangée. Il épousera pour finir une beauté brune du nom d'Hélène, dont il découvrira qu'elle se teint les cheveux pour cacher une blondeur peu disposée à se montrer au premier venu. Et voilà qu'Hélène lui avoue un beau jour qu'elle aussi est d'origine grecque. Est-ce trahir une fille que d'aimer une image qui ne se distinguerait d'elle en rien? Petros, on le devine, n'a pas fini d'en voir de toutes les couleurs. * [EXTRAITS] : – Elle est tombée à la mer. [Ma chère âme, 1961 ; rééd. Phébus – chapitre I, page 52] Il y avait eu un automne très léger. Parfois, dans les après-midi où le magasin était inanimé, le vent poussait sur le trottoir une feuille morte venue du boulevard voisin. L'hiver qui succéda apporta des brumes, de claires gelées où dansaient les lanternes des fiacres. [Ma chère âme, 1961 ; rééd. Phébus – chapitre II, page 67] Ils restèrent longtemps sans parler. Ils se tenaient les mains et se regardaient. Il n'aurait jamais reconnu Achyro si ses cheveux ne l'avaient pas révélée. Lui-même ne retrouvait pas le souvenir précis des traits de son visage. Quand il l'avait rencontrée, elle n'était qu'une gamine. Les yeux seuls avaient encore cette indifférence lumineuse de l'enfance. [Ma chère âme, 1961 ; rééd. Phébus – chapitre III, page 111] * [TEXTES CRITIQUES] : " LA CLEF DES SONGES " La clef des songes, on croit la posséder avec ce nouveau roman d'André Dhôtel, le vingt-deuxième. Dès les premières pages, le lecteur devient initié, fort longtemps après avoir refermé le livre, il reste encore ébloui par cette lumièree d'un autre soleil. Les songes peuvent être lumineux, n'est-ce pas ? [Camille Claus, artiste peintre - texte paru dans le quotidien Dernières Nouvelles d'Alsace, mars 1961, reproduit en intégralité dans le Bulletin de "La Route Inconnue", association des Amis d'André Dhôtel] * " UNE PETITE FILLE PAILLE QUI TROTTE DE SAMOS A BATTERSEA " ou " LE SOLEIL ET LES JOURS " La belle histoire. Une de celles, nombreuses, qu'André Dhôtel, inlassablement, sait conter - et qu'il conte à sa manière : tant de douceur dans la voix, dans le sourire, et ce regard promené sur le monde, émerveillé, émerveillant. André Dhôtel est un de nos rares écrivains d'imagination à posséder ce don qu'on serait tenté d'appeler "le toucher de Midas". Qu'il parle, et son murmure crée la transparence de l'air, le silence plein d'échos, la beauté toujours un peu déchirante : les attitudes, les gestes toujours un peu insolites, délicieusement déconcertants, mystérieux. Derrière le conte ou le spectacle, si simples et puirs qu'ils paraissent, il ya toujours à deviner quelque chose. Cette histoire-là commence dans l'archipel grec. Mer violette ; ciel où règne un soleil invincible ; îles où les oliviers ne meurent pas parce qu'ils sont sages et patients, et où rien ne tire jamais à conséquence - que la tragédie. La famille du jeune Petros est précisément victime d'une tragédie familiale ; la vengeance des Dourakis la poursuit. Mais il faut que le jeune Petros surmonte cette malédiction, et par malédiction, il ne s'agit pas de seulement de l'hostilité patiente, attentive, inlassable des Dourakis, mais de la paresse, de la petitesse de vues dans lesquelles la famille de Petros cherche illusoirement le bonheur et la paix. Et Petros, afin de se faire les épaules assez larges pour la tragédie, part pour l'Europe "où il y a moins de soleil que d'or et d'élecricité ". Petros et André Dhôtel sont de ces gens pour qui le destin existe. Peut-être n'y a-t-il d'histoires possibles que lorsqu'on croit au destin ? Le destin, cette fois-ci, prend la figure d'une fillette aux cheveux de paille, à la fois furtive et complaisante, insaisissable. On a envie de l'appeler "ma chère âme". Ce que fait Petros. Et la petite fille paille devient sa chère âme, au sens propre. Quoi d'étonnant que Petros la quête à chaque seconde de sa vie, même s'il peut la croire morte ? "L'espérance est la seule folie digne de l'homme", dit quelque part un de ses personnages... Et ailleurs : " Nous vivons pour cinq minutes d'espoir, rappelle-toi bien, c'est cela qui nous vaudra l'éternité." La clé de ce livre – et de toute l'oeuvre de Dhôtel, me semble-t-il – le vieux Iannis la donne. Iannis est le "correspondant" de Patros à Athènes ; il vend des fruits et des légumes, il explique à Petros avec quelle subtilité on peut peser à son avantage ou à son désavantage : " Le beau travail de l'esprit, mon fils. Je me suis amusé toute ma vie à faire profiter chaque client de deux ou trois drachmes sans qu'ils le sachent. C'est ainsi qu'on gagne le ciel. " Ce n'est pas "le toucher de Midas" qu'il faut appeler le don d'André Dhôtel, mais "le toucher d'Iannis". " Les choses ne sont pas ce que nous croyons, Petros, continue le vieux marchand de tomates, il suffit d'un insensible décalage pour que tout s'illumine. " André Dhôtel sait faire jouer le fléau comme Iannis : toujours à l'avantage du lecteur. L'Amour et l'Aventure : thèmes éternels du romanesque pur. Amours impossibles, sans cesse traversées, appels sans réponse, promenades, confidences, azurs et brumes – quel talent faut-il aujourd'hui pour nous plier à ces séductions chevronnées. André Dhôtel fait plus que nous retenir : il envoûte. Il semble avoir retrouvé les secrets tours-de-main de la littérature courtoise. Un bouchon de paille sur la mer prophétise indéfiniment ; la petite fille "paille", qui meurt sans mourir, chère âme immortelle, trotte de Samos à Battersea ; le chevalier Petros croise des lances, traverse des villes comme autant de forêts enchantées, balance entre Hélène et Sophia comme Tristan entre Iseult la Blonde et Iseult le Brune, interroge les signes prodigués par "l'inimaginable beauté du monde". Plaisir à Dhôtel. Pour le goûter pleinement, il ne faut pas se refaire une chère âme d'enfant – quelle erreur : rien n'est plus subtil que ce réalisme féerique. Il faut soigneusement appliquer une formule proposée par l'auteur lui-même : laisser venir sur soi le soleil et les jours. [Jean Louis Bory, L'Express, 4 mai 1961 - texte initialement reproduit en intégralité dans le Bulletin de LA ROUTE INCONNUE n°5, août 2003, pages 15-16] * Un jour, quelque chose de blond et de pur s'est levé depuis l'horizon. Est-ce seulement l'effet de la brume à la surface de l'infini d'une Méditerranée ? Prose agile, aventure de chaque phrase, harmoniques inattendues : musicalité discrète et pourtant extrême. Mon tout premier "Dhôtel"... Dhôtel l'enchanteur [1900-1991] a ainsi parlé au pur monde de nos sens et aux plus intimes de nos souvenirs - en l'un de ses "romans de prose poétique" des plus charmeurs : c'était en 1961... [Dourvac'h, site communautaire Babelio, 26 janvier 2020] * Encore cette étrangeté... [ollivier, site communautaire Babelio, 25 juin 2019] * André Dhôtel a quelques lieux privilégiés : Paris, la banlieue, les forêts, la Grèce. Et voici l'oeuvre qui les réconcilie et les relie tous. le personnage principal, Petros puis Pierre, passe d'un monde à l'autre comme tous les personnages de Dhôtel : intimement convaincus de leur propre insignifiance, s'abandonnant sans un murmure au destin qui les ballote, mais avec un formidable espoir au fond de leur coeur. [PhilippeCastellain, site communautaire Babelio, 20 février 2020] [1961] |
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1961, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 256 pages ; réédition : Gallimard, collection "folio", 2003, 336 pages [NOUVELLES] Le commencement, le seul moment de toute existence où l'essentiel est révélé : le premier amour. Voilà le sujet de ces dix nouvelles. De la Grèce à la campagne champenoise, la découverte de l'amour bouleverse la vie de jeunes gens purs, « à l'aube des sentiments ». Avec beaucoup de poésie et parfois d'ironie, l'auteur du "Pays où l'on n'arrive jamais" nous entraîne dans un monde où le rêve s'accorde avec le quotidien pour un dénouement souvent surprenant. Ce recueil réunit les dix nouvelles suivantes : — Idylle au Chesne-Populeux — Idylle à Samos — Jean-René sur les toits -— La maîtrise des va-nu-pieds — La nuit d'été — La fille du général — La sorcière — La Haute Rivière —La longue journée — Cieux éclatants du soir. * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1962] |
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Le roman de Jean-Jacques [RECIT BIOGRAPHIQUE] " Je n'aime pas tout ce qui se fait par règle, si ce n'est celle de n'en avoir point d'autre que son coeur." (Jean-Jacques ROUSSEAU - "sujet" de cette biographie) [cité par Claude-Edmond Braulx, dans l'ouvrage collectif "LES LIEUX D'ANDRE DHÔTEL", Cahiers André Dhôtel, n°4, année 2006, page 34] * " [...] Tout récemment, André Dhôtel a écrit un livre intitulé Le roman de Jean-Jacques, qui est une biographie de Rousseau. C'est un récit d'un très grand charme et ce charme tient précisément à cette légèreté dont je parle. Dhôtel ne nous dissimule pas les côtés scabreux de son sujet, mais il les rend inoffensifs, en leur refusant l'importance qu'on leur accorde d'habitude. Avec un personnage réel - et quel personnage - il procède de la même manière qu'avec ses personnages imaginaires. Ce Jean-Jacques, par la seule vertu de son style, devient un personnage dhôtélien. On assiste avec émerveillement à cette métamorphose. " [Jacques Brenner, Paris-Normandie (Rouen), n° 5562 - extrait d'un article reproduit dans le supplément du Bulletin de LA ROUTE INCONNUE n°29, août 2011, pages 4-5] [1962]
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Les mystères de Charlieu-sur-Bar 1962, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 240 pages [22ème ROMAN] * [EXTRAITS] : " La paresse c'est la vie la plus haute qui soit. Cela va beaucoup plus loin que n'importe quel sommeil. Et comment subsister dans un bourg abandonné comme Charlieu si on ne se laisse pas quelquefois voguer au niveau des buses qui se promènent sans penser à rien ? Alors on s'intéresse à des choses minimes, à la vie des mouches par exemple. Les buses voient les oiseaux comme des mouches. Elles ne cherchent pas tellement à les attraper. Elles les regardent pour s'amuser d'abord, en se berçant dans les airs. " * [TEXTES CRITIQUES] : [1962] |
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La plus belle main du monde [CONTE] * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1963] 1963, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 332 pages ; réédition : Gallimard, collection "folio", 2003, 512 pages [23ème ROMAN] Après de longues années d'absence, Victor et Louis Bécaille reviennent à Aigly, leur village natal, pour découvrir que leur famille est l'objet d'une étrange méfiance. Sur les traces du passé de la "tribu Bécaille", Victor, le narrateur, remonte le temps à la recherche des secrets enfouis. André Dhôtel nous offre la chronique d'un petit village champenois et une grande saga familiale, pleine de mystère et de féerie. * [EXTRAITS] : " La voiture de mon père était un tonneau en osier avec des roues légères qui semblaient glisser sur le gravier du chemin de halage et elle était menée à fond de train par un poney noir. Je n'ai pas tardé à somnoler avec les paupières à demi ouvertes, pour m'amuser comme font les enfants, et je mélangeai sans ma rêverie la crinière du poney avec les étoiles. Toutes les choses étaient intenses, surtout le ciel de la nuit que je n'avais jamais vu si noir ni avec des étoiles aussi vives. Je me sentais heureux et perdu. " [La Tribu Bécaille, pages 86-87 de l'édition originale] * [TEXTES CRITIQUES] : L'exercice de la liberté en Littérature est devenu peu à peu étrangeté... Expliquons-nous ici. Le petit père Dhôtel qui fit naître cette Tribu en 1963 (pourquoi cette suppression de la Majuscule sur la couverture du "poche" de 2003, et le choix de cette couverture moche et hors-sujet ?) est strictement semblable à ses personnages : il ne sait jamais où il va, quel chemin prendre, quel personnage croiser et recroiser le long du canal, quelle couleur traquer dans le soir... peut-être toutes, d'ailleurs... Ici c'est le bleu. le bleu émail du canal. Victor et son cousin traquent les couleurs ou l'ennui ou les filles : c'est selon... "En avant l'aventure, jamais la mort ne dure" scandait un chanteur italien des années 1970... La langue est belle, riche... trop riche peut-être pour notre siècle, puisque certains explorateurs-lecteurs d'aujourd'hui trouvent cette langue "surannée" ou "désuète"... Pour l'argument ? La vie de province et sa poétique bien cachée... Seul Dhôtel sait faire surgir ces éblouissements du morne quotidien... C'est Victor qui raconte et nul ne devinera jamais ce qui pourra bien se passer à la ligne suivante, la page suivante, le chapitre suivant (ils sont au nombre de VII) : le fil d'Ariane du soir, les matins pluvieux, les aurores brouillées, l'azur de l'été, les baignades dans la rivière : le véritable héros de Dhôtel est le Temps.rien qu' du frais, du pur, de l'invention... Pour ce "Bécaille", le gars inventait encore SA langue et SON monde, SON Temps et SON espace-Temps... à 63 ans... Allons, qui oserait "ça" aujourd'hui ? [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 2017] [1963] |
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1963, éditions Casterman (Tournai), collection "Plaisir des contes", illustré par Colette Fovel, 64 pages [CONTE] * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1964] |
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Les lumières de la forêt [METHODE DE LECTURE] * [EXTRAITS] : " Au village de Bergeloup, quand on joue aux billes sur le pavé, les billes tintent d'une façon extraordinaire. Elles chantent véritablement. Si l'on parle dans la rue, la voix résonne comme au creux d'une vaste caverne. Lorsqu'un enfant court, on croirait un petit cheval au galop. Dès qu'on n'entend plus rien, le silence vous entre dans les oreilles et vous tombe sur le dos. Alors on n'ose plus bouger, et on a l'idée que quelqu'un vous guette. C'est que le village de Bergeloup s'élève dans la profondeur de la forêt. Entre les maisons et la lisière, il y a seulement, par endroits , l'intervalle de quelques jardins. Le village de Bergeloup est presque abandonné. Voilà pourquoi les bois se sont avancés jusqu'à toucher les murs. D'abord les noisetiers et les ronciers se sont avancés, puis les charmes, les acacias et les chênes. Voilà pourquoi tous les bruits sont plus purs et plus forts que partout au monde. " [.../...] " Elle – Dorothée Mériaux – appartenait tout entière au domaine de la forêt, comme un chevreuil qui est né dans la forêt. Elle n'avait pas besoin de chercher un passage entre les branches. Elle comprenait de façon instantanée où elle devait aller, et elle se glissait en silence et avec insouciance. Elle devinait tous les êtres qui se cachaient ou se dérobaient dans les alentours, vipères, lièvres, hérissons, hermines. [...] Maintenant elle ne cherchait plus à les surprendre, elle vivait avec eux. " * [TEXTES CRITIQUES] : [1964] |
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1964, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 268 pages ; réédition : éd. Phébus (Paris), collection "libretto", 2006, 256 pages [24ème ROMAN] Fâché avec l'école, chassé par son employeur, Fabien traîne par les campagnes et va son chemin calamiteux comme porté par la certitude que ce dernier le mènera vers quelque lumière. Il apprivoise un loup blessé, recueille un chat, rencontre une fille frappée d'un mal étrange puis une autre, sauvageonne dans l'âme, qui lui paraît tout autant inaccessible. Seul sous le ciel, il lance aux nuages sa chanson sans queue ni tête, dans l'attente d'une improbable réponse - jusqu'au jour où, par-delà les champs et les bois, lui parvient l'écho d'un hurlement... De tous les grands romans de Dhôtel (avec Le Pays où l'on n'arrive jamais – et à la même altitude), le plus intimement accordé à cette sauvagerie secrète en nous qui refuse de tourner le dos à l'enfance. * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : Ce qui m'étonne toujours à la lecture des romans d'André Dhôtel, c'est que son imagination semble infinie : les aventures de ses personnages s'ensuivent, se prolongent, une péripétie en entraîne une autre et cela à l'infini. [ollivier, site communautaire de lecteurs Babelio, 5 novembre 2019] [1965] |
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La vie de Rimbaud réédition : éditions De L'Oeuvre, 2010, 234 pages [RECIT BIOGRAPHIQUE] On a considéré le plus souvent Arthur Rimbaud comme un phénomène exceptionnel, en raison de sa précocité étonnante (il donna entre 16 et 20 ans des écrits achevés), et parce qu'à 20 ans il abandonna tout à fait la littérature et garda jusqu'à sa mort un silence qu'expliquent mal nos conceptions de la littérature. Mais il y a plus. La poésie marque toujours la présence ou le désir d'un " autre " monde au coeur du monde réel. On peut dire, à la façon des rhéteurs, que c'est le domaine du rêve, de l'illusion, de l'ordre spirituel, de la beauté, ou encore de la simple rhétorique. L'événement singulier fut qu'un grand nombre d'écrivains et de lecteurs ont eu le sentiment que cet autre monde prenait dans les écrits de Rimbaud (qui lui-même s'est dit " mage ou ange ") une existence violente, irrépressible, éblouissante, aussi évidente enfin et aussi familière que la réalité positive où il faisait irruption. |
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* [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1966] 1966, éditions Gallimard (Paris), collection Blanche, 280 pages ; réédition : éd. Phébus (Paris), collection "libretto", 2003, 288 pages [25ème ROMAN] A vingt-cinq ans, Félix fait partie de ces jeunes gens sérieux qui sont, paraît-il, l'honneur des familles (même si lui a oublié d'en avoir une) : son patron est fier de lui, les voisins en viennent à oublier de le regarder de travers, et on annonce son prochain mariage avec une beauté locale qui se trouve être une estimable héritière... Bref, le meilleur des mondes s'emble s'offrir à lui au prochain carrefour. A ceci près qu'un méchant destin a décidé que son chemin à lui ne passerait pas par le prochain carrefour... Il renoue avec un ami d'enfance qui n'a pas trop bien tourné, se trouve mêlé à une mauvaise bagarre - et voit ses rêves de bonne fortune s'évanouir en fumée. N'aurait-il pas lui-même cherché la catastrophe, dans son désir inavoué - inavouable ? - de vivre une "autre" histoire que celle qui semblait si bien écrite pour lui ? Mais quelle autre histoire ? * [EXTRAITS] : " Il se redressa pour la regarder. Le vent du matin rabattait le châle d'Angélique sur son visage. Félix se prit à imiter à mi-voix le cri d'un oiseau loin dans le ciel. Cela ressemblait à l'appel d'autrefois dans les rues de Namur mais c'était encore autre chose. [Pays natal, 1966 - réédition Phébus "libretto", 2003, pages 257-258] * [TEXTES CRITIQUES] : " UNE DOUCE ET PURE LUMIERE " "Que la terre soit transformée, la société changée, rien n'empêchera qu'on boive du café..." dit un personnage du dernier roman d'André Dhôtel. Et, ajouterons-nous, rien n'empêchera que des hommes écrivent des histoires et que d'autres les lisent avec une joie étonnée. [Camille Claus, artiste-peintre : texte paru dans le quotidien Dernières Nouvelles d'Alsace, 22 & 23 mai 1966] * C'est un roman de l'adolescence, de la magie des saisons du coeur dans ce Continent imprévisible de l'adolescence ; c'est aventureux, fluide, changeant... exactement comme un long "merveilleux nuage" (baudelairien) qui prendrait possession du ciel de notre Imaginaire et s'y déploierait en beauté. Les deux personnages principaux se rejoignant sans cesse dans leurs pérégrinations venues du monde de l'Enfance : présences "vraies", émouvantes, comme nées du monde qu'ils traversent... [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 2016] [1967] |
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1967, éditions Gallimard (Paris), collection Blanche, 288 pages ; réédition : éd. Phébus, collection "libretto", 2003, 266 pages (8,90 euros) [26ème ROMAN] Bertrand Lumin n'a jamais brillé par des qualités bien reluisantes. Qu'on ne s'étonne pas si cet astre désastreux a reçu de ses amis le surnom de Lumineux. Il est de ceux qui ont le talent de se mettre à la moindre occasion en mauvaise posture, mais possède par chance cet autre don une disponibilité bien propre à favoriser toutes les rencontres, et à susciter quelques aubaines. Mais les aubaines, c'est connu, sont autant de promesses fallacieuses, surtout quand elles prennent le visage de telle jeune fille dont la beauté. dirait-on, n'a d'autre raison d'être que de vous déchirer le coeur. Lumineux ferait un criminel acceptable. pensent les uns. A moins qu'il ne se fourvoie dans les mauvais chemins d'un renoncement peu catholique en quête de quelque clarté improbable. Car il arrive que les êtres les plus étrangers à toute lumière, à l'instant de trébucher, se retrouvent sans savoir pourquoi le nez dans les étoiles... * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] :
[1968] |
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L'enfant qui disait n'importe quoi [CONTE] "Hodeïdah ! Mavaburta !" Tels sont les cris étranges qu'Alexis lance parfois. Surprenant dans la bouche d'un jeune garçon de quatorze ans ! Mais Alexis exprime ainsi ses sentiments, c'est tout... Élevé, par son grand-père en pleine nature, à cause d'une santé fragile, ce jeune sauvage passe son temps à courir la forêt de Valmarie. Pourtant, Alexis doit désormais rejoindre la ville de Pontbaut afin de poursuivre ses études au lycée. Mais, là-bas, d'autres surprises l'attendent... Le jeune garçon a remarqué un moulin qui semble mystérieusement abandonné. Il règne autour de ce lieu insolite un secret étrange, que le jeune héros aimerait bien percer. Et voilà que soudain, ces mots bizarres, qu'Alexis dit parfois sans y penser, sont utiles pour comprendre le mystère. Quelle étrange histoire ! La vie d'Alexis s'en trouve bouleversée. " (Nathalie Christoux) [EXTRAITS] : " L’orage avait balayé le plateau pendant des heures. Alexis regardait les énormes nuées que le soleil bas illuminait. " * [TEXTES CRITIQUES] : " Maman m'a dit que ça ne servait à rien de t'écrire, que là où tu es, tu ne peux pas vraiment me répondre. Mais cela ne fait rien, j'ai tout de même des trucs à te dire et je suis persuadé, tu m'as persuadé, que d'une manière ou d'une autre ça parviendra jusqu'à toi. [Aunryz, site communautaire de lecteurs Babelio, 26 octobre 2015] [1968] |
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1968, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 252 pages réédition : Gallimard, coll. "folio", 2003, 335 pages [27ème ROMAN] Émilien Dombe s'engage comme chef de culture dans une ferme du hameau de Rieux qui domine une vallée livrée aux ronces et aux épines. On y raconte une étrange légende, prétexte aux intrigues où les intérêts se mêlent aux passions amoureuses : une jeune fille inconnue apparaîtrait de temps à autres dans la campagne. Un jour, Émilien rencontre une jeune fille et découvre qu'elle n'est qu'un fantôme. Sa vie s'en trouve entièrement bouleversée... |
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* [EXTRAITS] : " Le ciel était noir au-dessus de Saint-Sulpice avec des quantités d'étoiles. Emilien regagna le boulevard Saint-Michel et remonta le long du trottoir animé. Il se devait d'être mélancolique, mais cela ne lui disait rien de mener cette mélancolie jusqu'à l'infini. Tous ces gens sen fichaient d'ailleurs et ignoraient complètement Emilien. Les enseignes des cafés et des cinémas resplendissaient. il buta sur Fabienne. Il s'écria : [L'azur, 1968 ; réédition Gallimard coll. "folio", 2003, pages 14-15] * " Les nouvelles du pays. Un tel est mort. Le fils d'Alfred s'est marié le mois dernier. Cela ne changerait rien à ces champs plats qu'on voyait par la fenêtre entre deux villas. Les Dombe se demandaient si leur fils s'aviserait bientôt de se marier lui aussi, mais ils ne disaient rien à ce sujet. Plus on se tait, mieux ça vaut. Oui, un des lapins s'est sauvé dans le jardin. Il faut le rattraper. " [L'azur, 1968, réédition Gallimard coll. "folio", 2003, page 18] * [TEXTES CRITIQUES] : " DANS UN HAMEAU DE CHAMPAGNE " " Dans l'oeuvre d'André Dhôtel, l'invraisemblable côtoie à tout instant le miracle. Les histoires surnaturelles, les fables ont le pouvoir de transfigurer l'univers et de révéler les personnages à eux-mêmes, en délivrant la vérité qui les habite. Et la beauté semble toujours tenir du prodige. C'est souvent sur une apparition que s'ouvre l'aventure. Ainsi dans L'Azur, tous les personnages qui traversent l'histoire, crédules ou retors, simulateurs ou faussaires, conjurés ou victimes, sont finalement profondément marqués par le passage du surnaturel, du magique, même s'il est, en fin de compte, démontré que l'imposture est l'auteur du miracle. [...] C'est avec un art toujours égal qu'André Dhôtel tient serrés les fils de l'intrigue et du rêve, mêle le féérique, la poésie du grand vent et des terres désolées, en friche sous le ciel, aux sombres calculs de l'argent, de la passion et de la peur. [...] " [Alain Clerval, La Quinzaine Littéraire, 1er au 15 mai 1969 - extrait de l'article intégralement reproduit dans le Bulletin n°5 de "La Route inconnue", Association des Amis d'André Dhôtel, août 2003, page 24] * L'azur est l'aventure du temps qui passe, soit le brillant 30ème des 49 "romans et récits" dus à l'étonnante prodigalité de l'étonnant (et bien sûr toujours largement méconnu) romancier-conteur oriental que restera André DHÔTEL [1900-1991]. [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 2017] [1969] 1969, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 298 pages ; réédition : éd. Phébus (Paris), collection "libretto", 2003, 288 pages (8,90 euros) [28ème ROMAN] A l'âge des gamineries déjà, Antoine Marvaux se trouvait fasciné par les objets de bazar, les trésors de rebut, les images à deux sous. Il devient kleptomane et, montré du doigt par tous les gens du coin, se met à fréquenter les plus douteux compagnons. Repoussé par une camarade d'enfance qui lui a inspiré un grand amour et bien qu'enchanté par sa propre honte, il se met en désespoir de cause à l'école de la vertu. Mais le destin se moque bien des louables intentions. Personne ne croit à son innocence et, la rumeur aidant, on en vient à le soupçonner d'un crime. Jusqu'à ce que sa route finisse par croiser celle d'une gamine perdue, et de quelques femmes moins fréquentables ancore, auprès desquelles il découvrira un autre amour. * [EXTRAITS] : " La prairie... Cette nuit, dans la vague lumière, il savait distinguer les plantes les plus minces, éparses sur le sol de craie. Il les connaissait avec son coeur s'il ne savait leurs noms, vipérines, scabieuses, centaurées à épines et des graminées qu'on ne voyait nulle part ailleurs ; ça et là les grands chandeliers des chardons de toutes sortes. L'étonnant c'était l'étendue de cette terre toujours un peu lumineuse, même quand il pleuvait. La vaste prairie légèrement déprimée annonçait le lointain des plaines environnantes, comme si elle était elle-même lointaine déjà. La beauté... Il ne pourrait jamais expliquer pourquoi il s'était attaché à cette prairie, comme on explique lorsqu'on aime une fille, une famille ou simplement un jardin, une maison. Elle avait une importance d'autant plus grande qu'elle ne jouait aucun rôle dans sa vie et que sa vie n'avait pas de sens. " [Un jour viendra, 1969 ; rééd. Phébus "libretto", 2003, pages 26-27] * " Le Bazar ! il n'avait pas manqué de s'arrêter pour considérer les deux étages de vitrages. Il songea qu'il avait fallu à peu près démonter la façade pour établir ces cadres de fer qui maintenaient le prétentieux ensemble de vitrages. Mais en même temps ses yeux lisaient le nom qu'il avait vu sans saisir les syllabes et qu'il avait cherché en vain à retrouver dans sa mémoire. En vérité il y avait deux noms : DURAND & FALORT. [Un jour viendra, 1969 ; rééd. Phébus "libretto", 2003, page 162] * [TEXTES CRITIQUES] : " LES MERVEILLEUSES IMAGES " " L'Ardenne est un pays étrange, plus complexe qu'on ne croit, nombreux même, qui tantôt découpe des paysages de plaine, avec des prés chiches, des bosquets semés en désordre, où les routes se tortillent, entravées par des sentiers un peu hagards, il y a des mares couvertes de lentilles d'eau, puis des bras de rivière aux détours desquels se nichent les touffes de cresson, - et, tantôt, plus loin vers l'est, le visage se durcit : ce sont les sapinières qui abritent la ténèbre et le silence, des gisements d'ardoise, un ciel plus sombre. Mais ici et là, les jardins sont semblables, dans lesquels les maisons sont enfermées : ce sont des arceaux où les rosiers font des voûtes et d'où s'effondrent les cloches du lilas. [...] En sa soixante-dixième année, André Dhôtel vient de rajouter une strophe admirable à cette sorte de louange pastorale en qui son oeuvre s'est muée. Un jour viendra, qui est une légende, fait plus complet le poème, ajoute à l'ensemble cette touche de vie moderne qui, par là même, démontre que les images, en tout temps, pour qui sait voir, sont merveilleuses." [Hubert Juin, extrait de son article Les merveilleuses images - revue "Les Lettres Françaises", n°1320 - 4 au 10 février 1970] * " Découverte il y a quelques années, cette tendre histoire de kleptomane provincial, parue pour la première fois en 1969... Souvenir émouvant des labyrinthiques rayons du cavernicole bazar DURAND & FALORT (*) s'ouvrant prosaïquement sur le Grand Place de Flagny... On suit les aventures (sentimentales et professionnelles) d'Antoine Marvaux avec la même passion qu'on suivait jadis les turpitudes de Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir de l'ami Stendhal... (*) Doux sentiment de fausse familiarité, comme avec ces frères siamois passablement énervés (& malchanceux voisins du journal "Spirou") DUCRAN & LAPOIGNE d'André Franquin : double motif ornant les frasques de son légendaire "Gaston Lagaffe", héros de saga(-ffe) ordinaire... [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 2017] * C'est le dixième roman de Dhôtel que j'ai lu. C'est vraiment un auteur qui déborde d'imagination, nous emmenant dans des aventures sans fin, qui s'enchaînent les unes les autres ; sans arrêt des rebondissements, au point que, non pas la tête nous tourne, mais qu'on ne se remémore plus ce qui est arrivé quelques pages auparavant ; c'est une débauche d'événements qui viennent comme une vague et nous étourdissent. Mais c'est aussi, et c'est là tout l'intérêt, comme un rapport au présent du monde réel. [1970] |
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1970, éditions Pierre Horay (Paris), 216 pages ; réédition : éd. Horay (Paris), 2005, 184 pages [29ème ROMAN] Le jeune Florent vit avec sa marraine, une vieille demoiselle ; elle lui conte un jour la légende d'une antique chaîne d'or qui a l'étrange propriété de toujours échapper aux mains de ses possesseurs. Or, un vagabond apprend au jeune homme que cette chaîne est bien réelle, puisque, pour son malheur, il l'a eue entre les mains. Bientôt, Florent reconnaîtra le joyau au bras d'une jeune fille, Laure, qui deviendra son amie. La chaîne disparaît, et il faudra la rechercher à travers maintes péripéties... Avec ce livre enchanteur, André Dhôtel recrée l'atmosphère merveilleuse du Pays où l'on n'arrive jamais (Prix Femina 1955), cette beauté mystérieuse où le rêve rejoint une troublante réalité. * [EXTRAITS] : " Le repas, dans la cuisine pleine de fraîcheur, fut empreint d'un calme profond. [...] Une guèpe bourdonnait sous les rideaux, et il semblait que ce fut le seul son qui ait pu subsister dans le monde. Cette salle retirée laissait pressentir le silence qui régnait sur des lieues de plaines désertes. [La maison du bout du monde, 1970 ; rééd. Horay, 2005, chapitre II : "Monsieur Thomas Roudart", pages 32-33] * " Ce fut alors pour lui un enchantement. Il s'arrêta à chaque vitrine pendant un long quart d'heure. Il n'était pas ébloui, mais profondément intéressé par les usages de tous les objets qu'il voyait : machines ménagères, appareils de radio et de télévision, cannes à pêche. Il ne prêtait aucune attention aux mouvements de la rue, ni aux voitures. L'étrange, pour lui, c'était la variété des machines qu'il découvrait et dont il n'avait aucune idée. Il lut des affiches, des prospectus expliquant le fonctionnement et les avantages de tel mécanisme, que ce fut un couteau électrique ou une tondeuse à gazon. [La maison du bout du monde, 1970 ; rééd. Horay, 2005, chapitre IV : "Rencontres", pages 75-76] * " Il éprouva une véritable haine pour une belette qui venait égorger les poules et qu'il guetta pendant des jours. Il finit par la tuer d'un coup de pierre, et se trouva très étonné et désolé de voir le corps nerveux abandonné comme dans le sommeil, et surtout les petits yeux cruels désormais éteints et envahis par on se savait quel rêve." [La maison du bout du monde, 1970 ; rééd. Horay, 2005] * [TEXTES CRITIQUES] : J'entendais dans le poste les niaiseries habituelles : " Les jeunes sont en manque d'idéaux [... ] "... eh bé, ça tombe bien... car, d'idéaux, les romans d'André Dhôtel en sont pleins : et même, emplis à ras-bord ! Alors, les djeun's, foncez-y, et vivez-nous ça à donf !! Des romans d'André Dhôtel, j'en ai compté (entre ses Campements de 1930 jusqu'à ses Vaux étranges et Lorsque tu reviendras de 1986) pas moins de... 49 ! Alors... qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ? Un exemple ? Tenez, avec cette Maison du bout du monde, parue chez l'éditeur Pierre Horay en 1970 - soit 15 ans après le succès de son justement célèbre Pays où l'on n'arrive jamais (fameux prix Femina de 1955) -, et somptueusement rééditée par Horay en 2005, acquise au prix de seulement 15 euros : car c'est immédiatement magnifique ! Le réalisme poétique, cette histoire à la fois improbable et magnifiquement crédible d'un gamin de 12 ans vivant avec une vieille fille - tous les deux en symbiose avec la nature -- dans un vallon oublié au milieu de la plaine déserte... Et l'on est aussitôt "happés" par les destinées jointes de Florent et de Mlle Dargnies... et dès le chapitre I (nommé, sans surprise, "Un étrange vallon"). Une littérature authentique : authentique car modeste, et qui ne cherche pas à "faire sa maline"... Et "ça" vous invente un monde - son petit monde, finalement immense - à chaque bout de phrase... Une littérature d'INVENTEUR ! Ici seulement huit chapitres (*) tous joliment nommés, "à l'ancienne", bien serrés en 175 pages, caractères d'imprimerie agréables, joli format presque carré : vous en aurez pour votre argent ! Vous rendez-vous compte ? Quarante-neuf belles oeuvres romanesques oubliées, rééditées les unes après les autres depuis 2003 (Horay + Phébus collection "libretto" + Gallimard collections "folio" et "folio junior" + Grasset collection "Cahiers rouges" + Le temps qu'il fait + Fata morgana) et... à découvrir ! Veinards que nous sommes... Eh bien ? Que vive (comme la moutarde) la littérature à l'ancienne... ou mieux ? Que vive LA Littérature ! Cette littérature – jamais oubliable et toujours oubliée – d'André Dhôtel... Et enfin ? Que vive Dhôtel l'immortel (1900-1991) puisque ce Dhôtel écrit comme un dieu ! Un dieu modeste, mais un dieu quand même...
(*) I. Un étrange vallon / II. Monsieur Thomas Roudart / III. A travers les mensonges / IV. Rencontres / V. Evénements et sentiments divers / VI. Dans le faubourg / VII. Laure se révolte / VIII. Une nuit... [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 2016] [1971] |
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Nord - Flandre - Artois - Picardie [RECIT GEOGRAPHIQUE] * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1972] |
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1972, éditions Gallimard (Paris), collection Blanche, 290 pages ; réédition : Gallimard, collection" folio", 2003, 358 pages [30ème ROMAN] Jacques Soudret, brillant chercheur dans un laboratoire parisien, a épousé la belle Viviane Aumousse. Peu après, la jeune femme a disparu sans un mot, sans une explication. À la recherche de Viviane, Jacques découvre la campagne de la Saumaie, avec ses orages, ses habitants, ses mystères... Dérouté par cet étrange pays, il abandonne peu à peu sa morgue de scientifique, pour se laisser envoûter par la magie des lieux qui le guidera peut-être vers celle qu'il aime. * [EXTRAITS] : Le facteur survint, alors que le ciel ne s'était pas encore voilé. Rosalie l'avait attendu sur le seuil. Quelques prospectus, un journal. [L'honorable Monsieur Jacques, 1972 - extrait choisi par Aunryz, site communautaire Babelio] * [TEXTES CRITIQUES] : " Un des romans d'André Dhôtel qui ne me quitte jamais. [Aunryz, site communautaire de lecteurs Babelio, 8 juillet 2015] *
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" Curieux pacte passé avec les livres (si nombreux) de Dhôtel : leur lecteur y cherche "des émerveillements" — et bien sûr les y trouve. Au fil des pages. Abrupts et inattendus. Comme dans la vie. Ainsi que les décrivait le poète prosateur Bruno Schulz dans l'une de ses nouvelles enchantées (Le Livre in Le sanatorium au croque-mort, 1936 — traduction Denoël, 1974) : "Les hirondelles s'envolent d'entre les lignes". Chaque titre de chapitre s'adresse ici — déjà — à notre imaginaire. Nous conte déjà "son" histoire... Un moment déjà vécu par nous, à revivre en imagination... Attente bientôt comblée, qui sait ? Bonheurs à venir de toute lecture dhôtelienne : quatante-neuf "romans ou récits" - sans compter essais et recueils de nouvelles, à découvrir... le saviez-vous ? "Littérature à l'ancienne" ? On s'en f...t ! Que du bonheur... " [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 2016] [1973] Le Soleil du désert rééd. : éditions Phébus, collection "libretto", 2005, 192 pages [31ème ROMAN] Jonas, quinze ans, se voit expédier par les siens au lycée de la ville voisine, où il doit poursuivre ses études. Il se trouve qu'il pense à tout autre chose qu'à étudier. Il s'endort dans le train, descend à la mauvaise gare, flâne dans un bourg pavoisé pour la fête, s'amuse avec ceux de son âge, entrevoit une fille aux longs cheveux noirs et aux yeux verts qui répond au nom bizarre de Suzannah, la perd de vue... De nouveau, il succombe au sommeil et se retrouve au milieu d'un bizarre désert : les gens qu'il rencontre lui tiennent des propos incompréhensibles, un géant lui arrache sa cravate, une vieille femme lui lance à la figure des paroles peu plaisantes... Enfin Suzannah reparaît, ce qui n'est pas forcément pour simplifier les choses... Car la beauté, si elle éclaire d'un jour surprenant la sage grisaille du monde, a une drôle de façon de venir en aide à ceux qui se sont perdus en route. Dhôtel au pays des merveilles... * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1974] Le Couvent des pinsons [32ème ROMAN] Le couvent des pinsons : un ensemble de pavillons en apparence paisible. Le propriétaire, un professeur de musique, va être mêlé à des aventures inextricables involontairement provoquées par la fille du pâtissier et d'une tzigane. Il entre dans un monde fabuleux, mi-fictif mi-réel, se heurte aux mystères de la nature, des bêtes, des fleurs, des oiseaux qui jouent un grand rôle dans ce récit. Sont-ils la preuve du monde familier qu'André Dhôtel nous rend familier ? |
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* [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1974] |
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Le vrai mystère des champignons * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : |
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[1975] Le Train du matin réédition : Gallimard, coll. "folio", 2004, 336 pages [33ème ROMAN] Une gare, des voies de chemin de fer aux embranchements complexes... Tel est le décor de l'étrange histoire de Gabriel Lefeuil, brocanteur à ses moments perdus afin de poursuivre des études universitaires. Gabriel a rencontré un singulier jeune homme amnésique qui circule inlassablement entre les rails du chemin de fer, comme à la recherche d'un trésor. On l'appelle Alfred. Quel est son vrai nom ? À la suite de quel voyage en Orient, de quelle aventure bouleversante a-t-il oublié son origine ? Serait-il revenu sur les lieux de son enfance pour tenter de retrouver son passé ? C'est le mystère que Gabriel s'emploie à élucider. * [EXTRAITS] : « A un moment il s’arrêta brusquement et regarda dans la rigole de ciment qui longeait la voie du côté de la clôture. Il murmura encore : « Six cent quatre-vingt-six », puis il repartit, cette fois à pas mesurés, comme s’il les comptait. Mais était bien incapable de compter. Simplement il cherchait un lieu qui peut-être n’était pas un lieu d’ici, mais d’un pays étranger. Gabriel ne perdait rien de ses gestes, espérant que son attitude lui révèlerait ses pensées, si toutefois il pensait. […] Enfin il arriva à l’endroit où s’amorçait le talus et il revint brusquement sur ses pas. Il fit plusieurs allées et venues sur une vingtaine de mètres, et se jeta soudain à genoux dans le fossé devant l’ouverture d’un caniveau sous la voie. » [Le train du matin, 1975 - extrait choisi par Le Bouquineur, déc. 2017] * [TEXTES CRITIQUES] : Un village près de Rethel dans les Ardennes. Gabriel cumule les activités de brocanteur et taxi, tout en envisageant de poursuivre des études universitaires pour ne pas reprendre le garage familial. Au cours de ses promenades habituelles le long des rails du chemin de fer, il rencontre Alfred, un singulier jeune homme amnésique qui semble à la recherche d'un trésor. Alfred est-il son vrai nom ? A la suite de quel voyage en Orient, de quelle aventure bouleversante a-t-il oublié son origine ? Serait-il revenu sur les lieux de son enfance pour tenter de retrouver son passé ? Ces interrogations, Gabriel va tenter de les élucider. Qui donc est cet Alfred, centre des interrogations et suppositions ? Il est amnésique, s’exprime par mots isolés, répète sans cesse « 686 » comme un mantra ; « Sans doute il comprenait plus de choses qu’on ne pouvait croire. Simplement il y avait des ruptures dans ses pensées. » Gabriel tente de s’en faire un ami pour mieux le comprendre et l’aider ; et il peut compter sur ses copains du Bistro de la gare, Paticart (le bagagiste) et Rinchal (le guichetier), pour recueillir tous les potins du village courant sur l’affaire et d’autres, à moins que toutes ne soient liées. Par exemple, il y a Jeanne qui de son côté cherche depuis des années à retrouver son frère Geoffroy disparu. Et si Alfred et Geoffroy n’étaient qu’un ? Jeanne qui selon la rumeur avait un rapport incestueux avec le disparu. Outre les gens, les choses aussi disparaissent, comme le coffret à bijoux d’Ida, ce qui fait jaser le village prêt à voir dans Gabriel le brocanteur, un voleur idéal. Par-dessus tout cela, un certain Gordique se mêle à l’intrigue. Il déteste Gabriel, voyant en lui un rival amoureux auprès de Jeanne et il ne manque pas d’inquiéter par ses agissements retors ou ses menaces verbales, « Vous avez avantage à ne rien dissimuler, et à vous tenir à l’écart. Parce que je suis résolu à toute extrémité. » N’oublions pas non plus, Isabelle, la fille du garde-barrière… Si vous n’aimez que les livres aux histoires bien carrées s’enchainant avec une logique implacable, passez votre chemin car ce roman étrange par son intrigue éthérée et son onirisme poétique, risque fort de vous désarçonner. Je dois admettre que j’ai fait des efforts pour suivre les péripéties mystérieuses autant qu’abracadabrantes dans lesquelles s’engagent Gabriel mais si on les lit avec l’œil du poète ou du doux rêveur, on peut tomber sous le charme. Mémoire défaillante, amours secrètes, mystère à tous les étages, voyages imaginaires ou non, danger rôdant alentour et happy end… voici les principaux ingrédients de cet ouvrage hors du temps et des lectures classiques." [Le Bouquineur, site Le Pavé dans la mare, article du 21 décembre 2017]
Gabriel Lefeuil est le fils du garagiste de Mocquy-Grange une petite ville des Ardennes. C’est un jeune dilettante qui partage son temps entre ses études de grec ancien et son activité de brocanteur amateur sans parvenir à se décider pour une carrière précise. Ses amours sont tout aussi floues puisqu’il n’ose déclarer sa flamme à la fière Jeanne Merandet qui ne songe qu’à partir à la recherche de son frère disparu en orient. Pour meubler son temps libre le jeune homme a l’habitude de se promener le long de la voie ferrée sans savoir que c’est là que va se jouer son avenir et celui de quelques autres. Exception faite du Pays où l’on arrive jamais » que l’on a sans doute un peu trop tendance à classer en littérature jeunesse - les romans d’André Dhotel sont encore largement méconnus du grand public. Il s’agit pourtant d’une œuvre originale et pleine de poésie qui rappelle un peu celle d’un Raymond Queneau par sa façon de créer des atmosphères quasi surréalistes à partir des objets et des lieux les plus banals. De manière insensible, à grand renfort de hasards et de coïncidences, il nous fait glisser dans une ambiance fantasmagorique et parfois absurde, mais sans jamais vraiment perdre pied avec la réalité. Une manière de nous inviter à considérer les choses et les gens autrement, à prendre notre temps pour regarder au-delà des apparences. Le train du matin baigne dans cette étrangeté. Il débute comme une petite chronique provinciale, dans cette campagne ardennaise si chère à l’auteur. Là, entre Reims en Rethel, dans un pays de collines et de prairies, nous faisons connaissance avec des individus a priori tout à fait normaux. Il y a un brocanteur, une riche héritière, un arriviste et un jeune homme un peu simplet, la fille du garde-barrière et quelques autres. En leur compagnie, on semble être partie pour une comédie de mœurs où l’humour et l’amour vont se disputer les premiers rôles. Et puis, sans que l’on s’en rende compte, le mystère s’insinue. Il est soudain question d’un vol de bijoux et d’un frère disparu dans d’étranges circonstances tandis que les personnages prennent des allures surprenantes. On croise désormais un amnésique et un hypnotiseur, il y a des femmes qui tombent des trains et des cheminots qui jouent les détectives. Car c’est aussi une véritable enquête qui nous est proposée avec pour seuls indices une carte postale, un camée et une statue grecque ! Le récit semble alors complètement embrouillé. Et pourtant tout est parfaitement sous contrôle. Toutes les pièces s’emboitent à la perfection pour une conclusion absolument logique et une fin bien entendu heureuse. Mais d’ici-là que de rencontres et de découvertes le long d’une ligne de chemin de fer qui devient pour l’occasion le centre d’un voyage initiatique. Elle est au cœur de l’histoire comme un trait d’union entre rêve et quotidien, entre passé et avenir. Elle est la promesse de changements nombreux et d’une vie moins monotone pour Gabriel Lefeuil, héros improbable d’une histoire qui ne l’est pas moins. [rédacteur : Lekarr76, blog SF EMOI . Lien : blog : http://sfemoi.canalblog.com/archives/2017/09/26/35712684.html - publié le 26 septembre 2017] |
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[1976] 1976, éditions Gallimard (Paris), collection Blanche, 304 pages réédition : éd. Phébus (Paris), collection "libretto", 2005, 320 pages [34ème ROMAN] Rien de particulier ne signale le village de Someperce, si ce n'est peut-être la forêt alentour : bonheur des gamins qui s'y perdent à plaisir, mais s'y retrouvent toujours. D'où vient alors que cet été-là plusieurs jeunes gens de l'endroit y disparaisse sans laisser de traces - et parmi eux l'aimable Casimir ? Son ami Maximin le comptable va tenter d'éclairer le mystère, qui au fur et à mesure de sa recherche ne cessera bizarrement de s'embrouiller. Il est question de deux familles enrichies à l'occasion de trafics peut-être louches, d'un châtelain assassiné avant la guerre, d'une clairière où il vaut mieux ne pas s'aventurer - et d'une fille qui n'en fait qu'à sa tête... ce qui est peut-être la meilleure façon de tourner celle des garçons. " L'aventure, écrit Dhôtel à propos de ce roman auquel il tenait beaucoup, est touffue comme la forêt, au sein de laquelle on se perd avec horreur et émerveillement. Aussi la lecture devient-elle un jeu complexe où la curiosité, le silence, la peur et on ne sait quelle joie obscure se trouvent inextricablement mêlés. " * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : S'annonçant par une citation de son voisin charlevillois Arthur Rimbaud ("Nous dormirons sur les pavés des villes inconnues"), Les Disparus est apparu en 1976 (l'auteur étant âgé de 75 ans) : il est aujourd'hui le 38ème chaînon des 49 "romans et récits" d'André Dhôtel. Un auteur-conteur prolixe qui se voulait/croyait "écrivain mineur". Et c'est un chef d'oeuvre. La littérature s'y invente à chaque phrase. D'imprévisibles enchantements s'y surprennent au fil des pages. "Anciennetés" qui sont autant de trésors enfouis au pied de l'Arc-en-ciel, à découvrir perpétuellement, quand tant d'entre nous se ruent sur leurs prévisibles et interchangeables "Nouveautés" (?). Cet homme - Dhôtel, "l'Ardennais [dans l'art d'aimer] universel" - re-créait "son" monde à chaque roman. L'histoire, la sacro-sainte "trame" de son histoire était secondaire : les LIEUX étaient l'élément dominant. L'enchantement ne surgissait que du plus plat quotidien des personnages et des saisons qu'ils traversaient. [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 2016] * Il se passe toujours mille choses dans une page d'André Dhôtel !
[ollivier, site communautaire de lecteurs Babelio, 23 août 2019]
[1976] |
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La merveilleuse bille de verre [CONTE] * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1977] |
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1977, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 248 pages réédition : éd. La clé à molette (Montbéliard), collection "Hodeïdah !", 2014, 240 pages (prix de vente public : 15 €) [NOUVELLES] Ce recueil réunit les nouvelles suivantes : - Un soir... (1975) - La débâcle de printemps (1955) - La maison de campagne (1964) - Conte d'hiver (1973) - Qui était monsieur Janvier ? (1968) - Trois jours de colère" (1956) - La route de Montréal (1971) - Les nuits de Malmont (1959) - Auberges (1963) - Fernand qui est mort au bord de la rivière (1957) - L'horizon (1966). * [EXTRAITS] : « Chacun a lu des livres, et Meuriaux était suffisamment cultivé pour émettre l’hypothèse qu’il s’agissait d’une histoire d’amour. » * « L'affaire étrange c'est que la neige, bien loin de confondre les lieux, affirme le caractère unique de chacun d'eux. Plus loin la place du village avec la poste et l'église, les bâtiments de la petite gare et la courbe de la voie ferrée entre les haies devaient plus que jamais garder en profondeur le dessin d'une irremplaçable existence. ». * [TEXTES CRITIQUES] : "HORS DES SENTIERS BATTUS - UNE COMEDIE HUMAINE ou L'EBLOUISSANTE FRAÎCHEUR D'ANDRE DHÔTEL" " [...] Un soir... il suffira de l'expression d'un visage infiniment heureux pour que Vincent n'ait de cesse de retrouver la même lumière dans les yeux de celle qu'il a croisée au hasard et à qui une parentèle empressée veut le fiancer à tout prix. Mais ce n'est pas de l'amour, sûrement autre chose dont ils ne sont pas maîtres ni l'un ni l'autre, et où ils ont su reconnaître le sens d'une vie hors des conventions ou des sentiers battus. C'est donc toujours à côté, par accident ou par effraction, à la frange ou à la doublure du train des choses le plus coutumier que surgit l'éblouissement dont l'art de Dhôtel sait si bien nous transmettre le prix. Toutes les nouvelles rassemblées ici mettent en scène une comédie humaine que l'on retrouve dans tous les livres, petit monde villageois composé de paysans, d'artisans, de servantes, de petits professeurs. Ce n'est pas le folklore ou la typologie du roman de la province, mais l'étranger, l'énigmatique, l'irréductible différence qui travaille les corps et les esprits que les circonstances enferment, seulement en surface, dans les bornes d'une existence confinée. Le fait divers est le foyer, le lieu commun d'une réalité insolite dont le pouvoir insidieux fait basculer, sans esprit de retour, les êtres et les choses dans un ailleurs d'où ils ne reviendront pas. " [Alain Clerval, La Quinzaine littéraire, 1er-15 septembre 1977 - extrait d'un article reproduit dans le supplément au n°32 du bulletin de LA ROUTE INCONNUE, Association des Amis d'André Dhôtel, septembre 2012, pages 5-6] * " Un soir… est un recueil de nouvelles sur le thème de la rencontre amoureuse. Au point de départ de chaque texte, se croisent deux êtres banals, modestes, deux regards (« la petite énigme du regard »). En toile de fond : villages des Ardennes, petites villes provinciales, bals du samedi soir, campagne et champs de pommes de terre. Un détail déclenche une passion, si infime parfois qu’il est oublié jusqu’à ce que l’évidence surgisse. « A vrai dire, dans n’importe quelle histoire, si commune soit-elle, il y a un moment prodigieux qu’il est difficile de saisir et qui met en jeu les évènements. Le moment fut peut-être celui où Thierry aperçut par la fenêtre le ciel déchiré jusqu’à l’horizon. » Les personnages d’André Dhôtel se laissent mener par le hasard – on peut appeler cela destin. Ils flottent, s’égarent, reviennent sur leurs pas des années plus tard. Ils flottent mais ne doutent pas, patients et placides, cherchent sans toujours savoir quoi, se heurtent à des obstacles, se trompent d’objet, poursuivent encore, oublient une femme pendant 30 ans et la retrouvent vieillie mais la même. Et leur amour intact. Ils prennent des chemins buissonniers, sans urgence, dégagés de toute introspection comme de tout jugement. La narration, tout en détours et croisements, en errances, prend parfois, dans sa sinuosité et ses rebonds, des allures de fable. Plaisir de se perdre pour mieux se retrouver. Quête émouvante. Parce ce que l’objet ne s’en dessine qu’une fois qu’il est atteint et qu’il n’y a pas lieu de s’étonner ou de s’émouvoir des multiples et improbables coïncidences qui mènent au but. A la lisière du fantastique parfois (maison hantée, phénomènes météorologiques surnaturels, personnages inquiétants), la narration digresse, les protagonistes dérivent, mais Dhôtel nous mène, dans une langue limpide et une construction sûre, à la révélation. Seul le lecteur s’en émerveille (le personnage qui s’en étonne, lui, est vite « remis en place » par de plus aguerris que lui), et savoure ce contraste entre un monde ordinaire – ils sont fonctionnaires, employés de bureau, elles circulent en motocyclette et servent dans des cafés – et le fantasque ou la fantaisie de la vie qui se déroule sous ses yeux. Mieux vaut laisser tomber le bon sens. Seul le cœur gouverne, envers et contre tout. Chacun sortira de la confusion par la confiance dans ses sentiments et dans la vie. En ce sens, les nouvelles qui composent Un Soir… constituent l’envers exact de la tragédie : il y a une fatalité, mais elle est nécessairement heureuse. "La Clé à Molette", grâce à un précieux travail de réédition de textes devenus introuvables, nous invite à redécouvrir André Dhôtel. Le plaisir de lecture est intact. Dhôtel nous peint avec tendresse et optimisme des anti-héros, un peu perdus, un peu vagabonds, un monde aussi envoutant que familier. Chez le même éditeur paraîtra en fin d’année La Route inconnue. D’autres titres devraient ensuite voir le jour en 2015. " [Frédérique Germanaud, site Atelier du Passage, 20 octobre 2014] * " Comment évoquer un livre dont chaque phrase pourrait être une citation qui prendrait sens même en ayant perdu tout son contexte. [Aunryz, site communautaire de lecteurs Babelio, 27 juin 2015] *
" J'irai crier Dhôtel sur tous les toits de la ville mais le mien d'abord pour apprivoiser ma peur du vide,
j'en frôlerai deux miaous aux chats qui aiment à se cacher derrière des livres jaunis, je le hurlerai à la face du monde à commencer par mes voisins polonais qui parlent pas français, je le clamerai à mes CP qui commencent à peine à lire et m'écoutent à peine aussi, je le martèlerai à papa aussi lui qui n'a jamais ouvert un roman de sa vie, je le murmurerai au vent pour que les oiseaux colportent ces 11 nouvelles au ciel, je taguerai son nom sur la façade de toutes les auberges parce qu'il n'y en a qu'un (Dhôtel), je le ferai savoir oui, finie la réserve, ça vous change un homme une telle révélation littéraire, il faut le scander quand on découvre une perle injustement ignorée, qu'on a noté sur le calendrier un après. Ça, c'était ce que je pensais avant de l'avoir lu. À trop traîner sur internet pour se renseigner sur un auteur qu'on ne connait pas en attendant l'arrivée du livre (merci Babélio et masse critique), on peut se mettre à délirer, surtout s'il est autant adulé, l'auteur. Je me contenterai finalement d'une banale critique ici-même. En plus ça m'arrange bien, vu que les toits et moi... le facteur a donc fini par passer, retour sur terre. Un livre de très belle facture éditoriale se retrouve dans ma boite (merci beaucoup à « La clé à molette » aussi), un ouvrage de 11 étages où j'ai donc rendez-vous avec Mr André Dhôtel et ses nouvelles. Ascenseur, siouplait (j'aime bien monter sans faire trop d'effort). Premier étage, bien le bonjour Mr Meurtiaux le professeur de lettres, qui court après la première fois où il croisa Jeanne à Véziers, instant d'émoi à la fois surnaturel et banal. Je reste avec des habitants de Véziers au deuxième, deux cousins rivaux en héritage qui s'embarquent vers un piège, sur un cours d'eau en voie de dégel. Encore l'amour, quand au troisième temps de la valse de jeunes fiancés s'éloignent pour mieux se retrouver dans l'élément naturel. Au revoir les tourtereaux et au revoir l'ascenseur aussi, problème de rythme peut-être mais je sens que je suis pas prêt de croiser Mr Dhôtel si je continue comme ça. J'y vais par les escaliers, c'est sûrement par là qu'il doit passer. Et là miracle au quatrième, ça y est je reconnais enfin sa silhouette sur le palier, l'homme dont Henri Thomas a dit qu'il fallait se méfier, « … méfiez-vous de sa redoutable simplicité ». Me suis peut-être pas assez méfié jusque là, moi. L'entrée en matière de ce « conte d'hiver » se fige dans mes rétines, implacable : « ....L'affaire étrange c'est que la neige, bien loin de confondre les lieux, affirme le caractère unique de chacun d'eux. Plus loin la place du village avec la poste et l'église, les bâtiments de la petite gare et la courbe de la voie ferrée entre les haies devaient plus que jamais garder en profondeur le dessin d'une irremplaçable existence ». Mais elle est fugace la silhouette, elle se dérobe entre Émilie et Bertrand et leur histoire de rencontre qui bégaie, pour réapparaître furtive au détour d'un couloir ou derrière une porte entrebâillée. J'accélère quatre à quatre la montée pour la retrouver cette silhouette, je bouscule les habitants, barrez-vous, rien à foutre de vos histoires, j'ai rendez-vous avec Mr Dhôtel moi. Me retrouve au 6ème sans l'avoir vraiment revu. Stop. Repos, j'ai le palpitant trop exalté. Il doit falloir être au calme pour rencontrer Mr Dhôtel, première règle. Je reprends l'ascenseur et mon rythme cardiaque. Je descends, je remonte au hasard. A tous les étages ou presque, encore des affaires de coeur aux scenarii assez proches, un poil surannées. Bonjour Mme Bonjour Mr, oui je sais vous avez une histoire à partager, allez-y je suis tout ouïe. Et parfois la silhouette de Mr Dhôtel se redessine furtivement dans le décor. Mais j'ai quand même fini par le trouver au 7ème, bien installé chez les Brintart, « sur la route de Montréal ». Encore une histoire de rencontre bégayée, cette fois 20 ans après, entre Mathilde et Thierry, pourtant promis à Justine. Je crois deviner la teneur de tout ça, la rencontre effective avec Mr Dhôtel ne peut avoir lieu que sous certaines conditions. Au delà de son style pur, le format court de ces nouvelles aux histoires peu captivantes à mon goût n'étaient peut-être pas l'idéal pour une entrée dans son domaine. Reste à savoir quelles conditions le sont vraiment, et pour cela la découverte de quelques uns de sa centaine d'ouvrages m'y aideront peut-être un jour. N'empêche, j'avais peut-être pas complètement tort à envisager de grimper sur tous les toits. Allez, j'irai quand même en murmurer deux mots au vent, on sait jamais trop, avec les oiseaux. "
[Merik, site communautaire de lecteurs Babelio, 4 février 2018]
[1978] |
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Bonne nuit Barbara [35ème ROMAN] Le jeune Arnaud Virier, dessinateur chez un architecte, erre dans sa propre vie comme il flâne dans Paris, sa passion. Il déteste tout ce qui lui semble aventureux ou poétique. Voilà pourquoi il ne tient pas à faire une cour assidue à Barbara, une jeune fille à qui on le présente et qui a une beauté de star. Ayant été obligé d'exercer enfin son métier en province, il se voit aux prises avec une campagne qu'il a en horreur. Dans cette campagne il retrouve Barbara, qui ne l'a pas oublié, mais est entraînée par une violente passion avec Lazare, un oncle aventurier. Pour Arnaud tout va de mal en pis. Alors qu'il songe à regagner Paris, Arnaud se prend d'amitié pour deux enfants, Thierry et sa petite voisine qui, étrangement, se nomme Barbara, comme celle qu'il devait aimer. Ces enfants l'entraînent dans les plus extraordinaires mésaventures et des intrigues peuplées d'inconnus. Jusqu'au jour où la première Barbara se révélera avec une pureté nouvelle, grâce à la foi naïve et inébranlable des enfants qui affirment désespérément leur vérité. * [EXTRAITS] : « Il y avait un chat assis à l’autre bout du parapet. Un chat est capable de contempler jusqu’à l’infini un paysage à peu près inexistant… Il tourna la tête vers la chat, dont il aperçut l’éclat des yeux verts éclairés par quelque lampadaire du voisinage. Pourquoi ces yeux étaient-ils magnifiques s’ils n’apercevaient que des choses ordinaires ?... Pourquoi ce chat était-il si digne ? » * [TEXTES CRITIQUES] : " André Dhôtel, auteur peu connu gagne à être découvert ne serait-ce que pour sa plume poétique. Il aime la campagne et adore jouer avec les sentiments contradictoires des jeunes damoiseaux venus des grandes villes. André Dhôtel : le romancier ardennais qui écrit de la prose comme de la poésie. " [SURCOUF, site communautaire de lecteurs Babelio, 2017] [1978] |
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1978, éditions Gallimard, collection "1.000 soleils", jaquette illustrée par Etienne Delessert, 256 pages ; réédition : éd. Gallimard, coll. "folio junior", illustrations d'Elisabeth Bogaert et couverture de Jacques Prunier, 1991, 240 pages [36ème ROMAN] Iannis est le fils d'un pêcheur de Chryssonissi, une petite île grecque proche des côtes de l'Asie. Voyant sa passion pour la lecture, son père lui donne la chance de poursuivre des études. Au lycée d'Athènes, son penchant pour le vagabondage inspire la méfiance de tous. L'une de ses camarades, nommée Photini, lui témoigne un intérêt mêlé de mépris. Un jour, elle l'accuse d'avoir volé la petite croix d'or qu'elle portait autour du cou. Incapable de prouver son innocence, Iannis s'enfuit dans l'espoir de regagner son île. Des rencontres insolites le guideront sur les routes de la Grèce comme autant de signes du destin. * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1978] |
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La Vie passagère [POESIE] * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1979] |
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Terres de mémoire [HISTOIRE REGIONALE] Ouvrage formé de quatre parties : - Retour (récit) - Le terroir (témoignages) - L'eau de la mémoire (entretien avec André Dhôtel) - Bibliographie [1979] |
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1979, librairie Arthaud (Paris), collection "Terre écrite", avec 12 photographies de la collection de l'auteur, 192 pages [HISTOIRE REGIONALE] * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1980] |
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1980, éditions Phébus (Paris), 312 pages ; réédition : éd. La clé à molette (Montbéliard), collection "Hodeïdah !", 352 pages, 2015 (prix de vente public : 16 €) [37ème ROMAN] * Avec ce roman, André Dhôtel propose un véritable space opera des champs, des hameaux et des collines, dont le véhicule « inter-espace » est la bicyclette. Sous les yeux du héros Valentin se déploie une fresque initiatique où la recherche de pistes inconnues, les poursuites nocturnes dans les châteaux vides, la chasse aux trésors cachés, constituent l’essence même d’une liberté adolescente à conquérir et à préserver. * [EXTRAITS] : « — Il y a des endroits merveilleux où on crève de faim et de froid, dit Agathe. Tout est perdu, toujours, toujours, mais ce qui est magnifique c’est que je ne vais pas encore crever ni ce soir ni la semaine prochaine. » * [TEXTES CRITIQUES] " Ce livre est un bain de jouvence... il n'est pas sans bavure. Mais c'est toujours la jeunesse qui sourd de cette plume octogénaire ! Comme au temps exaltant du "pays où l'on n'arrive jamais" ou des poèmes de "La vie passagère", André Dhôtel, plus lumineux que jamais toutefois, et plus simple, apprend le poids des choses infimes, le prestige de l'inutile comme jamais, peut-être, poète ne le fit, à moins d'un Jean Follain, et c'est tout dire ! Restent les coups d'oeil désabusés, en arrière-fond d'analyse, et la fêlure de quelques dialogues pêchant par excès d'angélisme. " [extrait d'un article de J.-Fr. G, journaliste au quotidien "La Cité" (Bruxelles) daté des 4 et 5 octobre 1980, in Revue de presse du n°50 du bulletin de l'association "La Route inconnue"] * "A-bi-cy-clêêêê-teu..." [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 2019]
[1981] |
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1981, éditions Gallimard (Paris), collection "Blanche", 278 pages réédition : Gallimard, collection "folio", 2004, 336 pages [38ème ROMAN] Quand Léopold, jeune photographe et peintre qui dessine des fleurs sur les trottoirs et les murs de la ville, rencontre Cyrille, joueur de poker peut-être doué pour la littérature, une sorte de miracle se produit entre eux, modeste mais lumineux : une amitié qui les situe aussitôt dans le droit-fil des rêveurs impénitents. Rien ne parviendra à infléchir la volonté non violente de ces deux êtres singuliers, sauvagement et tendrement décidés à refuser toute carrière. Léopold et Cyrille braveront follement la fausse gloire et les ambitions de femmes plus ou moins égarées par les jeux d'une société mensongère; ils esquiveront bien des obligations pour se livrer paresseusement à l'admiration du monde naturel et des grands peintres. Un roman tendre et plein d'humour. * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1982] |
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Je ne suis pas d'ici [39ème ROMAN] Le narrateur a connu Damien et Norbert au collège à Cherbourg. Damien surtout est un garçon attachant. Épris d'art grec, un jour, il chevauche nu un poulain, en souvenir des frises du Parthénon. Il rencontre alors, fugitivement, une jeune baigneuse, nue elle aussi. Devenus adultes, les trois garçons se retrouvent dans leurs pays, les Ardennes. Le père de Damien s'est endetté auprès du père de Norbert, et, pour arranger les choses, on projette de marier Damien à la soeur de Norbert. Ainsi commence un chassé-croisé d'intérêts, d'amours, de combinaisons, de mensonges, d'indiscrétions calculées, de violence aussi. Le narrateur essaie de préserver l'amitié née à Cherbourg, mais il a du mal à comprendre les mobiles porfonds de chacun. Après un scandale, les fiançailles de Damien sont rompues. Le jeune homme retrouve d'ailleurs son irréelle baigneuse de Cherbourg. Des années plus tard, le narrateur rencontrera, au bord de la mer, le ménage Damien, mais ne se fera pas reconnaître. Les trois pôles du livre sont la mer du Cotentin, les dieux de Grèce et les friches des Ardennes. Les caractères des personnages tiennent si près à la nature que l'on est entraîné, pour les comprendre, à observer les intempéries, les fleurs, les paysages tels que l'art de Dhôtel les recrée. * [EXTRAITS] : – Damien ? Pélagie ? murmurait Norbert. Peut-être dans les environs de Cherbourg. Je croirais volontiers qu’ils se sont fixés là-bas. [André DHÔTEL, Je ne suis pas d’ici, 1982, page 277] * [TEXTES CRITIQUES] : Je ne suis pas d'ici est une pièce unique et maîtresse dans l'oeuvre romanesque d'André DHÔTEL (1900-1991). [Dourvac'h, site communautaire de lecteurs Babelio, 15 février 2020] ______________________________________________________________________________________________________________________________ [1982] |
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La princesse et la lune rouge réimpression : 1996 [CONTE] * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1982] |
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Comment Fabien regarda l'aurore [CONTE] * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1983] |
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Le bois enchanté et autres contes [CONTES] * Comme Merlin, l'enchanteur André Dhôtel possède une forêt et donc des étangs, des rivières, des arbres, des oiseaux et aussi toutes les fleurs qui vivent. Tous les enfants s'échappent des villages voisins pour venir jouer dans le sous-bois. Il a même un droit de regard sur leurs sentiments. Dans les bois enchantés des Ardennes l'amour naît comme la violette ou le nymphéa. Le recueil comprend les sept contes suivants : - Le bois enchanté - Comment on cultive les parapluies - Les papillons mystérieux - Un beau matin - La fée aux grenouilles - La balle d'argent - Le chemin du paradis. * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1983] |
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Rhétorique fabuleuse réédition : éd. Le temps qu'il fait (Cognac), 1990, 152 pages Stanislas Peucédan est un philosophe aussi imaginaire que peu préoccupé de produire un système. L'auteur s'entretient avec lui de l'existence surnaturelle des fleurs. De cette discussion se dégage une méthode, hasardeuse, sensiblement « familière et déroutante », pour penser et sentir « le monde entrevu où déjà marchent les pèlerins tout au long d'une inlassable nostalgie. » Cet ouvrage réunit les trois textes suivants : - Le grand rêve des floraisons - Le vrai mystère des champignons - Rimbaldiana. * [EXTRAITS] * [TEXTES CRITIQUES] [1984] |
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La nouvelle chronique fabuleuse [NOUVELLES] Ce recueil réunit les onze nouvelles suivantes : - Mon cher Martinien (1976) - Autrefois et toujours (1977) - Martinien, tu ne m'écoutes pas (1976) - Le train de l'aurore (1964) - Paroles perdues (1970) - L'aigle de la ville (1961) - L'oiseau d'or (1967) - La folle oseraie (1982) - Histoire printanière (1963) - La longue histoire" (1961) - L'enfant inconnu (1952) * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1984] |
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L'école buissonnière [ENTRETIENS] * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1984] |
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Histoire d'un fonctionnaire [40ème ROMAN] Peut-on imaginer que Florent le distrait, le timide, qui a choisi d'être professeur adjoint dans une petite ville de province pour simplifier des intérêts de famille, cache un caractère audacieux? C'est pourtant le cas. Le voici engagé malgré lui dans d'incroyables aventures en compagnie d'un ami dont la vie est étroite comme la sienne et avec qui il rêve et recherche un personnage douteux, mi-poète mi-escroc, qu'il nomme «l'oncle Anselme», lui-même préoccupé de récupérer d'inestimables estampes d'Extrême-Orient, qui ont été volées à sa famille. C'est une folle chasse au trésor. On bat doublement la campagne : à travers des livres de géographie et d'étranges paysages chinois. Elles seront finalement retrouvées, ces estampes qui devraient sauver l'oncle Anselme de la faillite. Mais on découvre tout au long de ce roman d'aventures que le trésor lui-même compte peu pour qui se laisse prendre à l'ardeur d'un pèlerinage et au mouvement fantastique de la recherche. Cette recherche permettra au jeune Florent de découvrir, parmi d'autres idylles, l'amour d'une jeune fille douée de l'intelligence d'un nouvel espace, mais aussi, avec Anselme, certaines fleurs extraordinaires qui témoignent d'un autre monde ignoré de tous, et particulièrement des fonctionnaires, à qui on veut refuser la moindre approche de l'au-delà. * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : Voici un livre qu’on pourrait résumer comme un énorme pied de nez au fusil de Tchekhov ! Dans chacun des romans d’André Dhôtel, on sent qu’il n’apprécie pas trop ce principe selon lequel chaque détail décrit doit être au service de l’histoire, mais dans tous ceux que j’avais lu il finissait par s’y conformer – en rechignant. Là, toute l’histoire semble avoir été écrite pour le prendre à contre-pied. [PhilippeCastellain, site communautaire de lecteurs Babelio, 30 janvier 2018] [1986] |
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Vaux étranges [41ème ROMAN] Dans un bourg des Ardennes situé entre deux pentes rocheuses, le maire et le restaurateur ont idée, pour attirer des touristes, d'utiliser les rumeurs populaires. Celles-ci prennent certains rochers pour un ancien château dont le seigneur, jadis, faisait rouler des blocs sur les maisons des villageois qui lui refusaient l'impôt. On dit même que le fantôme de ce comte est parfois aperçu dans les roches sauvages. Le maire, pour faire accepter aux opposants les frais d'installation touristique, fait élire sur sa liste un certain Désiré, fils d'ouvrier. Ce Désiré n'avait rien pu apprendre à l'école mais il s'enchantait des mots savants du dictionnaire et les employait sans aucun à-propos. Embauché comme balayeur au journal de Charleville, il était devenu correcteur quand on s'était aperçu de sa science des mots, mais il continuait d'habiter son bourg et d'aimer errer parmi les roches sauvages, comme d'ailleurs Lydie la servante de l'auberge, une orpheline peu expansive. Désiré, élu au conseil, n'entraîne pas la population : au contraire, il éveille la jalousie. De plus, le maire a beau faire apparaître, le soir, une fille dans les rochers, Désiré affirme qu'il n'y a pas de fantômes. Déçu, le maire le chasse du conseil. Désiré, au journal, laisse passer un gros «doublon» et risque sa place. À l'auberge du bourg, on ne veut plus le loger. À la rivière, on le jette dans la boue, ce prétentieux, maintenant qu'il est déconfit. Alors, il se met à rêver de Lydie qui le méprisait et qui s'est enfuie de l'auberge. Mais, au moins, elle se taisait et son existence n'en était que plus forte, tandis que les gens qui parlent, riches ou pauvres, instituteur, curé et maire inclus, semblent vivre des mensonges dont ils l'accablent. Que va-t-il advenir de Désiré et de Lydie? André Dhôtel a l'art de nous intriguer dès le début, et il ne nous lâche plus. Avec ironie, il résume dans ce village toute la société. À travers les palinodies humaines et l'insignifiance des jours, il met l'accent sur la vraie lumière de l'âme et de l'amour. * [EXTRAITS] : " Si vous voulez, en plein jour cela devient comme la nuit mais sans étoiles. "
* [TEXTES CRITIQUES] : [1986] |
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Lorsque tu reviendras [42ème ROMAN] *
[EXTRAITS] :
« La beauté n'est-ce pas justement ce qui s'éveille et disparaît au même instant si bien qu'on ne saurait appréhender qu'une réalité trop éblouissante pour se maintenir dans la vision. Une beauté idéale en somme et dépourvue de toute attache ? » « Qu'est-ce qui peut passer et qui n'existe pas ? Le malheur, c'est qu'on trouve une réponse à une telle question, car on en revient toujours à la beauté impalpable dépourvue d'origine ou de raison, c'est-à-dire une idée pure qui s'impose sans la moindre hallucination » « Qui a jamais vu la beauté dégagée de toute attache sensible, telle qu'elle devrait être ? Pour les philosophes cette conception inexplicable est une aubaine. Mais pour les autres, il s'agit d'un simple mensonge. » * [TEXTES CRITIQUES] : [1990] |
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1990, éditions Le temps qu'il fait (Cognac), reprise du texte publié dans le recueil "Terres de Mémoire" en 1979, 104 pages |RECIT] * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [1996] |
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Du Pirée à Rhodes, suivi de Printemps grec préface de Jean Grosjean, 64 pages (prix de vente public : 8,50 €) [RECITS DE VOYAGE] * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [2000] |
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* [TEXTES CRITIQUES] : [2003] |
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Un adieu, mille adieux [NOUVELLES] Vous voici en pays de féerie. Mais, ici, pas de farfadets ni de lutins, juste l'amour. On le croise partout : derrière un arbre touffu, sur le lit d'un ruisseau, au beau milieu d'une route enneigée. La campagne ardennaise sert de décor à l'éclosion de rencontres inopinées, éphémères, hors du temps, où l'on ne revendique qu'un chose : "une folle exigence de vérité". Peu importe qu'ensuite les gens s'en aillent ou se quittent. En s'éveillant au bonheur, c'est la vie qu'ils ont découverte ! Assister à cette naissance est un miracle à ne surtout pas manquer. Ce recueil réunit les six nouvelles suivantes : - Un adieu, mille adieux (1960) - L'arc-en-ciel (1958) - Nausicaa (1970) - La route (1985) - La grande allée (1984) - On raconte... (1983) * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [2004] |
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Quand je te reverrai [NOUVELLES] Seize nouvelles jamais réunies en recueil à ce jour, dispersées dans diverses revues entre 1942 et 1973, qui ont l'air de raconter seize fois la même histoire, et qui se donnent seize façons de nous égarer, de nous désespérer - pour mieux nous émerveiller. La même histoire ? Un garçon rencontre une fille et la perd. Pourquoi sinsurger - puisque le monde en son entier semble conspirer à le persuader que cette fille-là n'est pas pour lui. Mais qui saura jamais dire ce qui est pour nous, parmi l'énigmatique banalité de ce qui advient sous le ciel ? Reste presque toujours au héros de l'affaire - en général un anti-héros de la bonne espèce - la simple promesse d'un regard, d'une chanson envolée, d'un silence bizarrement partagé, qui témoigne en secret que la vraie vie est autre : à la fois absente de partout et violemment présente en sa feinte invisibilité (dans les Ardennes, la famille de Dhôtel cousinait vaguement avec celle de Rimbaud). Peu importe dès lors l'issue bonne ou mauvaise de l'aventure. Peu importe même si celui ou celle que l'on s'est promis de revoir un jour revient trop tard ou ne revient pas du tout. L'essentiel, sans doute, est d'avoir aperçu, même le temps d'une seconde, la fêlure ouverte dans le mur obtus de ce que les gens sérieux appellent le réel, par quoi se fait brusquement jour une lumière incompréhensible, plus vraie que toute réalité prétendue, et si merveilleusement inutile qu'on est tenté de lui donner le beau nom, si inutile lui aussi, de vérité. Seize histoires qui n'ont l'air de rien, mais où il n'est pas interdit de s'attendre à tout. * [EXTRAITS] : " Ils décidèrent quand même de rentrer au village. Mais chaque fois que les regards se rencontraient il fallait s'arrêter et se regarder jusqu'à ce que les yeux soient tout à fait noyés par une lumière qui n'était pas de ce monde. " * [TEXTES CRITIQUES] : [2007] |
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Le club des cancres [RECITS] * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [2007] Le Théâtre de Dhôtel [THEÂTRE] Ce recueil contient les 4 pièces suivantes : Le Pays des cerisiers (1ère publication : 1947) - Il fera beau demain (1949) - Le Gangster (écrite en 1956) - Vivants (écrite en 1973 ; 1ère publication en 1987) * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [2011] André Dhôtel : Théâtre radiophonique [THEÂTRE RADIOPHONIQUE] Ce recueil contient les 4 pièces suivantes : L'Homme de la scierie - La fille sauvage ou les réalités de la vie - L'Inconnu - L'île aux oiseaux de fer. * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] : [2012] |
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D’un monde inconnu [NOUVELLES] * [EXTRAITS] : « Tout ce qui est dehors demeure vraiment nouveau. Les violettes avancent dans les prés à mesure que les inondations se retirent. On ne voit jamais deux fois la même guêpe. Les couples de hérons s'en vont de gué en gué. Tu ne peux pas te vanter de connaître tel ou tel corbeau. Des volées chaque jour inconnues s'élèvent dans le ciel où la lune s'éloigne. Elles parlent avec le vent qui change de voix et le vent couche le thym contre la terre que le givre durcissait deux mois plus tôt. » * [TEXTES CRITIQUES] : [2014] Les temps perdus 2014, Editions Fata Morgana, avec des illustrations de Daniel Nadeau, 144 pages : tirage de 1000 exemplaires sur vélin ivoire (prix de vente public : 22 €), tirage de 20 exemplaires sur papier vergé des Ardennes (prix de vente public : 60 €) [NOUVELLES] Phillipe Jaccottet accorde une double parenté à André Dhôtel : « Tantôt il a quelque chose du peintre chinois de jadis, tout occupé à demeurer immobile pour saisir, au bout de longues années d'humble contemplation, la vérité d'une montagne, d'une brume, d'un roseau ; tantôt il me fait penser au contraire à certains romantiques allemands, toujours en mouvement à la recherche d'une lumière fuyante, amis de ce qui bouge, des rivières, des chemins.» Deux perspectives qui convergent cependant vers le même point de fuite : un merveilleux très quotidien et un goût des choses de la terre, que l'on retrouvera dans L'épouvantail, Un soir d'été, L'homme qui n'avait pas d'histoire, D'un monde inconnu, et les autres nouvelles qui composent ce volume. André Dhôtel gardera toujours de son enfance dans les Ardennes un souvenir propre à faire d’elles la source de toute poésie. En 1943, Le village pathétique est accepté par Gallimard grâce à l’appui de Jean Paulhan. En 1948 paraît David aux éditions de Minuit. Sa production littéraire prend alors son véritable départ et en 1955, Le pays où l’on arrive jamais lui attire un immense public et le prix Femina. Dhôtel ne cherche rien d’autre comme but à son œuvre que de transmettre le sens de l’énigme et d’un merveilleux librement accepté que l’on retrouve dans les nouvelles qui composent ce volume. * [EXTRAITS] : " Il devait pourtant admettre qu’il se trouvait véritablement à Ormais, debout devant l’église. Tous les détails étaient trop précis pour qu’il pût croire qu’il dormait. Il sortit sa montre de son gousset. Elle marquait une heure. De toute façon, il y avait eu un étrange retour des temps. Il regarda encore vers le village. " * [TEXTES CRITIQUES] : [2015] La littérature et le hasard 2015, Editions Fata Morgana, texte établi et présenté par Philippe Blondeau, préface de Christian Bobin, 199 pages (prix de vente public : 23 €) [ESSAI] * [EXTRAITS] : * [TEXTES CRITIQUES] :
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